Chapitre 13 (Arc 1)
Sullivan grogna. Attendre… Encore et toujours attendre ! Est-ce que les autres gargouilles se moquaient de lui ?! C’est justement parce qu’il passait la plus grande partie de sa vie à attendre qu’il ne pourrait jamais devenir un grand guerrier comme son père ou les autres ! Plus il attendrait, plus il prendrait du retard !
Le petit garçon soupira. De qui il se moquait en fait ? Lui-même l’ignorait. Il voulait juste… être comme les autres. Sullivan se rassit et ramena ses jambes contre son torse, les entourant de ses bras. Il regarda d’ailleurs ses jambes. Pourquoi était-il né comme ça d’ailleurs ? Pourquoi ne pouvait-il pas être tout simplement un petit garçon ou une simple gargouille comme les autres ?! Cela aurait été beaucoup plus simple ! Est-ce que quelque chose en haut le détestait ?!
Sullivan se saisit d’un caillou et le jeta de toutes ses forces. La petite pierre rebondit deux ou trois fois avant d’atterrir aux pieds d’un petit garçon rondouillard.
"La légende n’était pas fausse après tout !" rit gras le garçon rondouillard. "Il existe bien un monstre près de Wagner Cove ! Hein ?! J’ai pas raison les gars ?!"
"Démonix, qu’est-ce que tu me veux encore Dévon ?"
Sullivan soupira. Il fallait qu’il tombe sur cette petite brute et sa bande de poltrons, bien évidemment… Voilà l’une des principales raisons pour laquelle il voulait absolument devenir un guerrier. Le petit garçon était sûr de lui, si son père ou le reste du clan savait qu’il se faisait malmener de la sorte, ils lui tourneraient le dos. Le petit garçon se frotta la joue, Dévon venait de lui jeter une pierre en plein visage.
"Eh le monstre !" hurla le gamin rondouillard. "Tu vas nous répondre ou t’es devenu sourd ?!"
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[Musique ambiance n°1]
Luna respirait à grande goulée d’air. Elle regardait ce qu’il y avait sur son tapis. Génial, encore du travail pour les poneys de l’équipe de ménage, elle adorait ce tapis en plus. D’un coup de corne et en un petit tour de magie, la jument noire avait envoyé le tapis dans la laverie du château. C’était déjà ça de fait. La princesse lunaire se rallongea dans son lit, comment était-elle arrivée là d’ailleurs ? Elle était dans la salle de bain. Elle venait d’installer Moonbeam sur sa table à langer et… Moonbeam ! Où était Moonbeam ? Où était sa petite pouliche ?
La princesse se redressa, regardant dans tous les coins de la chambre. Elle soupira de soulagement quand elle vit sa fille couchée dans le petit berceau, juste à côté de son lit. La petite dormait à poings fermée, serrant sa chauve-souris en peluche entre ses sabots, sa tétine en bouche et Tibérius, le vieil opossum de sa mère comme oreiller. Luna se pencha au-dessus du berceau, caressant la crinière du poulain du bout du sabot. Moonbeam, grimaçant sous le geste, se tourna sur le côté, faisant tombée sa couverture que Luna remonta lentement. L’opossum se tourna lui aussi, se mettant sur son dos. Il agitait ses petites pattes griffues, courant dans le vide. Voyant cela, l’alicorne noire poussa un petit rire attendrie.
La princesse se tourna vers la fenêtre de sa chambre. Elle était ouverte, surement l’un des poneys de chambre. Tout le monde au palais royal savait que la jument noire adorait dormir la fenêtre grande ouverte, qu’il fasse beau, qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige. L’air extérieur l’aidait grandement à se reposer et effaçait cet espèce de sensation de claustrophobie qu’elle ressentait parfois en quittant le monde des rêves. La Lune ne brillait pas ce soir. Célestia avait dut coucher son astre, mais pas levé le sien. Enfin bon… Ce n’était pas très grave, de toute façon, il était bien trop tard pour la lever. Et Equestria pouvait bien survivre une nuit sans son soleil nocturne, non ? Luna se leva lentement de son lit et se dirigea vers son balcon, regardant intensément les étoiles. Un petit sourire s’installa sur ses lèvres. Starlight avait un don particulier avec ces petites étincelles lumineuses. Ou alors, l’influence d’une certaine licorne blanche y était pour quelque chose. Luna hocha des épaules, amusée.
Il n’y avait pas à dire, avec la recrudescence de Princesses au sein de la royauté Equestrienne, Luna pouvait bien penser un instant à prendre sa retraite. Abdiquer et vivre tranquille loin de Canterlot. Vivre loin de sa sœur et peut être s’installer dans un des villages des Batponies dans le Sud. Non, bien qu’elle adore tout ce qui touche de près ou de loin à la nuit, le ciel ensoleillé finirait par lui manquer. Luna rit quelque peu, si son "moi" du passé entendait ses pensées, elle ne saurait pas comment elle réagirait. Cette satanée Nightmare Moon… Quelque part, elle lui manquait un peu.
Pourquoi ne pas carrément aller vivre à MareTime Bay ? C’était une petite ville qui se trouvait au Sud Ouest d’Equestria dont sa population était principalement composée de poneys terrestres. C’était une petite ville marchande anciennement connue pour ses traditions centenaires et son économie se reposait surtout sur la création de bijoux et d’artisanat. Tout était fabriqué à partir de produits de la mer comme le corail, les coquillages ou les perles. Mais mis-à-part cela, elle était surtout connue pour ses magnifiques bateaux de plaisance, ses jeux nautiques et ses joutes aquatiques estivales annuels. Cette ville qui se renouvelait sans cesse était maintenant connue pour sa grande avancée technologique qui profitait à tout le continent. Lors d’un voyage officiel, qu’elle avait dû y effectuer en compagnie du Mane 10, la princesse Lunaire avait entendu Applejack reconnaitre que Ponyville pouvait être comparée comme la jumelle campagnarde de ce petit bourg côtier.
En réalité, cette ville s’avérait être un cadre balnéaire que les poneys s’arrachaient durant la saison estivale. Réussir à louer un simple box en cette saison découlait d’un grand acharnement, d’un marchandage invasif ou d’une réservation datant de plusieurs lunes, voir même plusieurs années à l’avance. Alors, trouver une simple maison pour y habiter simplement, cela relevait d’un miracle au vu des prix immobilier qui ne cessaient encore et toujours d’augmenter. Que ce soit pour acheter une maison déjà construite, rénover une vieille bâtisse, voir même d’acheter un terrain pour y construire sa propre habitation pouvait être considéré comme miraculeux. Le fait même qu’un certain couple de couturiers et mannequins mariés de sa connaissance ai réussi à acheter ce magnifique vieux manoir pour le rénover et en faire un sabot-à-terre estival relevait du prodige. Luna se demanda aussi si elle devait ajouter l’immense chalet dans cette nouvelle petite ville – connue pour ses célèbres pistes de ski – qui s’était construit entre les terres du Royaume de Cristal et le Yakyakistan à l’équation ? En même temps, si on y réfléchissait bien, les circonstances qui avaient mené ce couple à construire de nouvelles boutiques ‘Le Carrousel’ devait bien peser dans la balance.
Enfin bon, mise à part cela, la ville de MareTime Bay était vraiment un endroit parfait pour vivre avec sa famille et élever ses enfants tranquillement.
Non, elle ne pouvait pas, elle n’avait pas le droit d’abandonner Célestia comme ça. Et pourtant, vivre près de la mer, à la plage, c’était l’un de ses rêves. Vivre près de l’océan… Et étrangement, elle ignorait pourquoi, c’était également l’un, voir même le pire de ses cauchemars.
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"Allez dépêches-toi l’escargot !" lui hurle-t-elle au travers l’un de ses fous rires. "Tu es toujours la dernière. Même le freluquet arrive à te dépasser. C’est bien sa seule qualité !"
"Je ne suis pas un freluquet", nous hurle-t-il en retour avant de tomber au sol.
"Il vient de tomber, il faut qu’on l’aide. Il s’est peut être fait mal !"
"Oh arrête ! C’est un grand garçon, il peut bien se relever tout seul !" éclate-t-elle de rire en se mettant à courir à quatre pattes dans l’eau qui s’écrasait sur le sable. "Il doit bien finir par se débrouiller, on ne sera pas toujours là pour lui venir en aide ou le protéger tu sais."
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Luna revint à la réalité, elle se trouvait devant la cheminée qui se trouvait dans son salon. Comment était-elle arrivée là ? La jument noire se cogna mentalement la tête contre les murs en se demandant honnêtement encore combien de fois elle allait devoir se poser cette seule et même question ? Bon sang… Depuis que sa sœur l’avait renvoyée de son laboratoire, sa tête était sans dessus-dessous.
La princesse regarda le foyer de la cheminée. Bien qu’Equestria soit en pleine saison estivale et qu’il fasse chaud à l’extérieur, elle ressentit la forte envie d’allumer un feu. Voyant qu’il y avait un peu de bois à côté de la cheminée – surement un reste du dernier hiver– elle y jeta quelques buches et déclencha la combustion avec une étincelle produite par sa magie. Elle s’allongea devant la cheminé, hypnotisée par le mouvement des flammes et de leurs ombres. Le feu, l’élément fondamentalement contraire à l’élément aquatique. Elle soupira. D’un côté, la jument avait toujours été plus ou moins fascinée par cette apparition naturelle et sa chaleur.
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"Aller ! Dépêchez-vous, nous allons tout manquer !"
"Mais arrête-toi ! Les enfants n’ont pas le droit d’assister à la cérémonie !"
"C’est vrai ! Qu’est-ce qu’on va faire si les adultes nous trouvent ?!"
"Oh ça suffit ! Tu veux voir comment elle fait ou pas ?!" grogne t’elle. "Déjà que le poltron a refusé de nous suivre, ne nous fais pas regretter d’avoir fait tout ce chemin pour renoncer au dernier moment, d’accord ? Tiens regarde, elle commence ses incantations !"
Plus loin, les flammes d’un grand autel de pierre changeaient de couleur aux rythmes de ses danses, de ses chants et de ses mots.
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Repartie dans son inconscience, la jument noire se mit à fredonner les premières notes et mots inconnus qui lui venaient naturellement en tête. Les yeux fermés, tellement concentrée sur sa chanson, elle ne remarqua pas que répondant à son lied et à sa voix, les flammes dans la cheminée changeaient de couleur, d’intensité et de formes. Tout ça dans une danse sensuelle, presque scabreuse et orgasmique. Quand Luna s’arrêta et ouvrit à nouveau ses yeux, le feu avait repris son état originel, crépitant doucement dans une mélodie aux rythmes ensorcelants.
Le bois craquait sous la chaleur des flammes, propulsant ses étincelles dans l’air. A nouveau perdue dans ses pensées, Luna observait les étincelles du regard. Elle les suivit jusqu’à une boite posée sur le manteau de la cheminée.
[Fin musique ambiance n°1]
[Début musique ambiance n°2]
Une boite à musique en argent. Un sourire nostalgique s’installa sur les lèvres de la princesse quand elle se releva et l’ouvrit. L’intérieur de la boîte représentait trois petites chauves-souris qui volaient au-dessus des vagues d’une mer déchainée. Elle tira le petit tiroir, regardant les petits objets qui s’y trouvaient, dont une flute de pan. Luna se rappela le jour où Célestia lui avait offert ce petit trésor d’orfèvrerie. Cela faisait un an jour pour jour que la jument blanche l’avait sauvée, recueillie et élevée comme sa propre sœur. L’Alicorne blanche était allée voir un artisan pour qu’il fabrique la boite et l’intérieur avait été décoré à partir des dessins que Luna faisait durant son enfance. Cela avait coûté extrêmement cher, mais cela n’avait pas dérangé l’aînée. A cette époque, elles n’étaient que de simples licornes – puisqu’elles cachaient leurs ailes sous des capes – paysannes vendeuses de fleurs. Elles n’étaient pas encore montées sur le trône d’Equestria. En plus, grâce à un jeu de clefs, la boite pouvait jouer jusqu’à trois musiques différentes !
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"Tu as volé toute cette nourriture ?!" hurle-t-il "Mais tu es folle ! Et si les anciens le remarquaient, tu y as pensé ?! Ils vont te punir ! Non, ils vont NOUS punir !"
"Mais non, nous ne risquons rien ! Tu imagines toujours le pire", rit-elle. "Quand je vois cela, je me demande encore comment je fais pour ne pas ressentir plus de pitié à votre égard. Si vous continuez de vivre de cette manière, vous n’arriverez pas à grandir convenablement ! Et puis, comment aurions-nous pu aller faire une ronde hors du territoire sans vivres, vous y avez réfléchi ? On peut le dire, heureusement que j’ai pensé à tout !"
"Je te rappelle que c’est toi qui souhaites explorer ce qu’il se trouve hors de nos falaises et du château. Lui et moi, on ne fait que te suivre."
"Oh arrête !" m’interrompt-elle. "Toi aussi tu veux voir ce qu’il y a au-delà de ces pierres."
"Tu n’es qu’une galapiat !"
"Surveille donc ton langage gringalet ! Et puis, fait attention à ton vocabulaire. Galapiat ne s’attribut qu’aux mâles, pas aux femelles."
"Vilaine !" réplique-t-il en tirant la langue.
"Il a raison tu sais. Tu vas beaucoup trop loin dans tes fariboles. Si tu n’arrêtes pas tes bêtises, les anciens te corrigeront tellement sévèrement que même toi, aussi forte que tu puisses être, tu ne pourras pas t’en relever."
"Qu’ils essayent, ils s’y casseront les griffes", réplique-t-elle, hautaine. "Et puis, quand je pense que c’est de toi que vient cette pensée. As-tu vu comment tu t’es arrangée et fagotée ?! Et dire que tu te dis être l’enfant modèle. Que c’est folklorique !"
"Mon excentricité ne dérange pas autant puisque qu’elle est purement vestimentaire. Ce n’est pas comme toi. Cette arme qui se trouve à ta taille est presque aussi grande que toi !"
"Intrigante !"
"Hypocrite !"
"Arrêtez de vous quereller ! Je n’aime pas quand vous faites ça ! Vous me faites peur !"
"Oh excuse-nous, tu sais bien que nous ne voulons pas…"
"Pauvre incapable, il serait enfin temps que tu grandisses et que tu t’endurcisses. Tu te feras bientôt manger tout cru si ça continue."
"Arrête de te moquer ! C’est méchant !"
"Retire immédiatement ce que tu lui as dit ! Tu sais pertinemment que ce que tu dis est faux ! Laisse-le donc progresser et grandir à son rythme !"
"Ne vends pas la vache en retenant le lait* ! Tu sais très bien que je ne fais que plaisanter !"
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Luna tourna la petite clef qui se trouvait sur le côté droit de la boite à musique, remontant le mécanisme. Les trois petites chauves-souris commencèrent à se mouvoir, agitant leurs ailes mécaniques et les vagues commencèrent à remuer. La mélodie commença lentement à jouer. Elle se détourna de sa boite à musique, retournant sur le balcon. Elle leva les yeux vers le ciel, les nuages balayaient doucement le ciel, dévoilant la Lune qui s’était révélée, cachée derrière depuis tout ce temps. La jument noire soupira, c’était étrange, depuis quelques années, elle n’aimait plus autant admirer sa Lune. La princesse trouvait qu’avec le temps, si l’on pouvait dire le dire ainsi, l’Astre nocturne commençait à perdre de sa splendeur. Ce qui était faux, bien entendu. Mais depuis la naissance des jumeaux, la jument noire y avait perdu tout intérêt. Luna n’arriva pas à retenir ses larmes, laissant sa voix se mouvoir dans un chant qui faisait remonter d’étranges images dans sa tête.
[Fin musique ambiance n°2]
[Musique ambiance n°3]
J'ai, j'ai gardé en secret,
Dans une boîte en argent,
Un petit monde à moi,
Des étoiles, un océan,
Un peu d'éternité, une flûte de pan,
Mais je n'ai rien de toi,
Toi qui me manques tellement,
Luna serra contre sa poitrine le petit instrument qui se trouvait dans son sabot. C’était le seul objet qui appartenait réellement à son passé avant qu’elle ne rencontre Célestia. Quand la princesse du Soleil l’avait trouvée et recueillie, elle le tenait dans son sabot et refusait de le lâcher. Y tenant, comme à sa propre vie. Elle ignorait d’où cette flute venait, mais quelque part dans son cœur, c’est comme si elle avait toujours su qu’elle ne lui appartenait pas véritablement. C’est pour cela qu’elle prenait soin et chérissait cet instrument de toute son âme.
Je suis là où tu m'as laissée,
Sur la route du néant,
Ici la lune n'éclaire jamais,
Elle jaunît avec le temps,
Et de nuage en nuage,
Sur les ailes d'un oiseau blanc,
Je me suis laissée prendre en otage,
Puisque sans toi, plus ne rime,
Plus rien ne rime,
Et je m'abîme,
Et je m'abîme,
En réalité, l’alicorne ignorait ce qu’elle chantait exactement. Les mots fuyaient sa bouche. C’était son cœur, son inconscient et son âme qui chantaient. Les mots ne venaient pas réellement d’elle. C’est comme si la jument noire était extérieure à la scène, regardant son corps déclarer ces paroles du dessus. Elle était une simple spectatrice face à cette situation. Et mystérieusement, cela ne la dérangeait pas. Cela avait même un petit côté libérateur.
Je suis allée au bout du monde,
J'ai demandé pardon,
Je suis là et je t'attends,
Sous les étoiles d'Orient,
Il y avait comme un son,
Perdu dans l'univers,
Est-ce que ce serait toi ?
Oh comme je l'espère,
Luna quitta son balcon d’un coup d’aile, s’envolant très haut dans le ciel. Elle valsait aux quatre vents. Ses ailes ne faisaient pas obstacle à l’air. La princesse était comme un bateau munit de grandes voiles voguant sur un océan inconnu au gré des vagues et de la météo. La princesse se laissait faire. C’était étrange et agréable, comme si elle avait déjà expérimenté cette sensation par le passée.
IJe suis là où tu m'as laissée,
Sur la route du néant,
Ici la lune n'éclaire jamais,
Elle jaunît avec le temps,
Et de nuage en nuage,
Sur les ailes d'un oiseau blanc,
Je me suis laissée prendre en otage,
Puisque sans toi, plus ne rime,
Plus rien ne rime,
Et je m'abîme,
Et je m'abîme,
Je fais comme si tu m'attendais,
Mais le temps paraît long,
Et je ne peux m'empêcher,
De penser comme une enfant,
Que veux-tu que j'y fasse ?
Rien n'est plus enivrant,
Que de s'accrocher à toi,
Et d'y croire tout le temps,
Luna reprit contrôle de ses ailes, volant encore et toujours plus haut. C’est comme si elle voulait atteindre la lune. Elle s’arrêta en vol, se laissant tranquillement tombée vers la terre ferme. Ses ailes s’étaient naturellement ouvertes, ralentissant sa chute. Elle chutait lentement, comme une feuille d’arbre en automne.
Je suis là où tu m'as laissée,
Sur la route, sur ce banc,
Ici la lune n'éclaire jamais,
Elle jaunît avec le temps,
Et de nuage en nuage,
Sur les ailes d'un oiseau blanc,
Je me suis laissée prendre en otage,
Puisque sans toi, plus ne rime
Plus rien ne rime,
Et je m'abîme,
Et je m'abîme,
[fin musique ambiance n°3]
Les derniers mots de la chanson moururent quand la princesse Lunaire atterrit sur un nuage. Tout en s’asseyant sur son nouveau siège, Luna dressa son sabot vers la Lune. Elle ignorait pourquoi elle faisait ce geste, cela lui venait comme ça, tout naturellement. Comme si elle attendait qu’en retour, l’astre nocturne réponde à son appel. N’entendant aucune réponse, la jument soupira, dépitée. Elle était épuisée. Elle enleva le sabot qu’elle avait gardé contre sa poitrine, regardant la petite flute de pan qui se trouvait à l’intérieur. L’instrument était plutôt petit. Il avait dut être fabriqué et appartenir à un jeune enfant au vu de sa taille. Elle porta l’instrument à ses lèvres. Il lui arrivait d’en jouer de temps en temps, un peu comme si c’était une sorte de forme d’hommage. Un petit sourire ironique s’afficha sur ses lèvres, elle ne savait pas en jouer, bien entendu. Les notes n’étaient qu’un mélange de cacophonie en tout genre. Il n’y avait pas à dire, elle était douée pour beaucoup de chose, mais pas pour jouer de la musique. Sauf le chant… Le cœur remplit de nostalgie, Luna détacha la flute de ses lèvres. Voir cet instrument lui faisait toujours monter les larmes aux yeux.
Soudainement, ne sachant pas pourquoi, Luna laissa tomber la flute de pan dans le vide. Son corps avait simplement obéi aux battements de son cœur. Elle n’y avait pas opposée de résistance, elle l’avait juste… fait. La princesse se pencha au-dessus du vide. Elle voulait descendre en piquet et le rattraper en quelques coups d’ailes, mais elle n’y arrivait pas. Elle restait totalement immobile, regardant simplement l’instrument disparaitre peu à peu de sa vue. Espérant que l’instrument n’a pas été détruit à l’impact, la jument noire essaya d’identifier le lieu de l’atterrissage de l’objet. Il semblait avoir fini sa chute dans les ruines de son ancien château à elle et à Célestia au milieu de la forêt Everfree.
Luna soupira, dépitée, oui, c’était sûr à présent. Après une chute pareille, en comptant l’âge multi-centenaire de l’objet, il pouvait être considéré comme officiellement détruit. La jument noire releva la tête, regardant la ville de Canterlot qui apparaissait à l’horizon dans la pénombre de la nuit. La princesse s’était laissée portée par les vents jusqu’ici ? Cela l’étonna grandement. Même si elle pouvait bien rentrer au château grâce à un simple sort de téléportation, elle décida de s’y rendre par la voie des airs. Autant en profiter un peu…
Luna ouvrit ses grandes ailes et s’élança dans les airs en direction de la capitale.
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[Musique ambiance n°4]
"Alors sale monstre, quand est-ce que tu vas te mettre à rugir et à attaquer ?! Après tout, c’est bien ce que vous savez faire les chauves-souris dans votre genre, hein ?!" hurla Dévon.
Sullivan se débattait, essayant de se libérer des poignes des deux compères du rondouillard. Si Dévon, âgé à première vue de neuf à onze ans, était l’exemple parfait de la petite brute en surpoids. Les deux autres garçons étaient les clichés du sportif fin et élancé avec rien dans la tête et du petit nerd binoclard qui obéissait au doigt et à l’œil du mâle alpha pour éviter de se faire maltraité par les autres grosses brutes de l’école. Sullivan n’arrivait pas à leur donné d’âge précis, mais ils ne devaient pas être loin ou dépassé de peu celui du petit rondouillard.
Le petit rondouillard se déchainait sur le fils du chef du clan de New-York. Il essaya de se libérer. Il essaya de se servir de cette foutue queue de gargouille qui n’en faisait qu’à sa tête. Il essaya de bouger et d’utiliser ses foutues jambes. Elles lui faisaient un mal de chien. Le petit garçon essaya d’hurler, mais l’un des camarades de son attaquant lui avait bâillonné la bouche avec une chaussette et sa main. Aucun moyen de prévenir Bronx ou d’appeler quelqu’un d’autre à l’aide. Il se contenta d’endurer chaque coup en retenant ses larmes au maximum.
"Pourquoi tu pleures comme ça ? Tu ne sais pas te défendre quand grand frère Xanatos n’est pas là ?!" grogna le rondouillard en lui assénant un nouveau coup au visage. "Si son paternel n’était pas le gars le plus riche de la ville, ce gamin ne serait rien ! Ce fils de riche ne connait vraiment rien ! Qui choisirait un monstre comme toi comme petit toutou de compagnie ?!"
Sullivan releva la tête et grogna contre Dévon. Le rondouillard n’avait le droit de critiquer son meilleur ami ! Pas comme ça… Mais il avait raison. Qui choisirait un monstre comme lui comme ami ? Le petit garçon baissa la tête, fermant les yeux. Il ne réagissait même plus aux coups qu’il recevait. Sullivan ne réagit même pas quand l’un des garçons qui accompagnait Dévon lui releva la tête de force en lui tirant férocement les cheveux. Le rondouillard avait allumé une grosse caméra, le filmant. Dévon et ses acolytes cherchaient surement à le pousser dans ses retranchement et à le faire réagir en l’humiliant.
"Les gens vont adorer ça ! Ils vont enfin comprendre ce qu’il risque de se passer si on autorise ces vermines à vivre ici !" rit le rondouillard. "Je vais enfin venger mon oncle pour ce que lui ont fait ces sales bestioles ! Mon père arrivera à le sortir de prison avec ça !"
Sullivan détourna le regard. Il ne voulait pas les regarder et jouer à leurs jeux. Il ne pourrait pas le faire de toute manière. Même ses grognements n’étaient pas dignes comparés à ceux d’une vraie gargouille. Le petit garçon ferma simplement ses yeux, restant impassible aux insultes et provocations qui lui tombaient dessus.
Voyant qu’il ne réagissait toujours pas à ses provocations ou aux coups, Dévon commença à s’énerver. Il lui hurla dessus, lui cracha au visage et commença à lui jeter des objets pendant que ses comparses tiraient les bras de Sullivan à un tel point qu’il eut l’impression qu’ils allaient finir par l’écarteler vivant. Mais même face à cela, le petit garçon ne fit absolument rien. Il encaissait juste, essayant de retenir au maximum ses gémissements de douleur. Déjà qu’il n’arriverait à rien… Mais c’était décidé, Sullivan ne leur laisserait pas le plaisir de l’entendre.
Ce silence énerva encore d’avantage la petite brute. Il hurla encore plus fort, tapant le sol de ses gros pieds boudinés. Il lâcha sa caméra et commença à se rouler par terre. Sullivan, tout comme les deux camarades de la petite brute, soupirèrent, consternés, retenant leurs rires de moquerie. C’était comme cela à chaque fois. Dès que Dévon n’obtenait pas ce qu’il voulait, il se mettait à faire un caprice digne d’un enfant de trois ans.
"Et c’est reparti pour les pleurs de Monsieur le Patron", marmonna le sportif du groupe.
"Kyle, tais-toi ! Dévon va être super en colère si il t’entend !" bégaya et zozota le binoclard. "Et bien sûr, s’il est en colère, ça va encore me tomber dessus ! Et je ne veux pas ça moi !"
"Reprout, tu te la fermes !" grogna le dénommé Kyle en enlevant la main et la chaussette de la bouche de Sullivan pour lui montrer le point.
"Je m’appelle Rupert", bégaya-t-il dans un tremblement.
"Tu veux vraiment que Dévon et moi on te casse tes lunettes et que l’on t’arrache ton appareil dentaire à ce que je vois", bougonna le jeune sportif en levant son point et sa chaussette vers le binoclard tremblotant.
"Quoi ?! Non, non, ça va aller ! Reprout c’est très bien ! Tu peux continuer à m’appeler comme ça si ça te fait plaisir, cela ne me dérange absolument pas ! Il y a aucun problème !" rit nerveusement le dénommé Rupert avant de soupiré consterné. "Fais comme tu veux."
"Dure journée hein ?" chuchota Sullivan d’une manière que seul Rupert ne l’entende.
"T’imagines même pas", répliqua le binoclard en marmonnant, épuisé.
"Ferme la un peu la chauve-pourri !" grogna le sportif en bâillonnant à nouveau Sullivan avec sa chaussette et sa main.
En le bâillonnant, Kyle marcha, par accident, sur la jambe du petit garçon. La réaction ne se fit pas attendre, Sullivan hurla de douleur. Bien que son cri soit étouffé par son bâillon, il fut suffisamment puissant, mais surtout parfaitement audible. S’étranglant avec ses baillons successifs, Sullivan les recracha, libérant une bonne fois pour toute son cri d’agonie. Alertant Bronx qui nageait et coursait des canards au milieu du petit lac et une personne qui marchait un peu plus loin.
"Ah Beurk ! Il m’a bavé dessus ! Dégueu !" s’étrangla de dégout Kyle en agitant la main, essayant de se débarrasser des filets de bave qui en coulait.
"Mais arrête de secouer ta main comme ça ! Tu imagines le nombre de germes toxiques et de microbes que tu es en train de m’envoyer en pleine figure ?! Je vais devoir me faire une triple désinfection quand je rentrerai à la maison maintenant !" Hurla et zozota Rupert en tentant vainement d’esquiver les gouttelettes de salive.
"Je crois qu’il m’a mordu en plus !" hurla le sportif. "Tous les tailleurs de pierre disent qu’ils peuvent nous transformer si l’un d’eux nous mords ! J’veux pas que ça m’arrive à moi ce truc-là ! J’veux pas me transformer en chauve-pourri garou !"
"Il t’a juste salivé dessus et non mordu ! Tu ne peux donc pas te métamorphoser sans qu’il y ait un contact direct avec le système sanguin ! Et les loups-garous ne sont que des mythes, ils n’existent pas. Il est donc mathématiquement et scientifiquement impossible qu’un humain puisse se transformer en gargouille !" paniqua le binoclard, avant de retrouver son sérieux. "Quoique, les scientifique n’ont jamais étudié cela que je sache. Il serai peut-être intéressant de mener des expériences là-dessus."
"De quoi tu me cause là ?!" gueula le sportif.
Dévon arrêta son caprice. Le rondouillard avait entendu le cri de douleur de Sullivan derrière la dispute des deux garçons. Et qu’est-ce que ce hurlement l’avait excité ! Une vraie symphonie à ses oreilles.
Il eu beaucoup de difficulté à se relever. La fatigue de son caprice mêlée à son gros ventre rond le faisait tanguer. Il restait assit sur ses fesses, essayant d’étrange tractions pour tenter de se remettre sur ses jambes. Il avait les joues gonflées, installant sur son visage, une bouille de poupon concentré sur sa grosse commission. Ce qui le rendait plus mignon à regarder qu’autre chose. Ce qui n’allait pas avec son air de petite brute. Si ses jambes ne lui faisaient pas aussi mal, Sullivan serait peut-être en train d’éclater de rire. Kyle, lui, ne semblait pas se retenir le moins du monde, riant presque à gorge déployée. Oubliant sa main dégoulinante de bave de demi-gargouille. Le pauvre Rupert, lui, se cachait derrière Sullivan en tremblant.
Ayant finalement réussi à se remettre sur ses jambes, faisant taire la déferlante d’hilarité de Kyle, Dévon se rapprocha de Sullivan. Sentant qu’il allait encore recevoir une pluie de coups, le petit garçon baissa la tête essayant de se protéger le visage. Sullivan ouvrit les yeux de surprise, quelqu’un venait de recevoir un coup, mais ce ne fut pas lui le destinataire. Il releva la tête en sentant son bras gauche se libérer. Dévon venait de frapper Rupert au visage. Sonné par le choc, le binoclard resta allongé sur le sol. Le rondouillard se retourna, saisissant les bras de Sullivan d’une seule main, la gorge et une partie du visage de l’autre. Dévon tourna alors la tête vers Kyle qui se mit à trembler de peur face à son air fou.
"Kyle, je te laisse t’occuper de Reprout, qu’il comprenne ce qu’il arrive quand on se moque de moi", grogna Dévon d’une voix sombre et folle. "Moi, je m’occupe de notre copain le monstre."
Perdant son air courageux et baroudeur, Kyle attrapa les bras du binoclard, courant à tout rompre, disparaissant dans l’obscurité de Central Parc. Sullivan retourna la tête vers son agresseur. Est-ce la peur qui le faisait halluciner ? Ou est-ce que les yeux du rondouillard étaient réellement devenus intégralement noirs et que ses dents s’étaient transformées en crocs décharnés et tranchants ? Face à une telle vision d’horreur, le petit garçon n’arriva même pas à crier.
Sullivan resta là à endurer les coups et la douleur qu’il recevait aux jambes, au torse et au visage. Il ne bougeait pas. Il n’arrivait même pas à lui demander d’arrêter. Ses yeux écarquillés, il semblait avoir perdu connaissance face à la peur. Il était paralysé. Même si il le souhaitait de tout son cœur, le petit garçon ne pouvait détourner le regard. Il était comme hypnotiser par ce véritable prédateur avide de sang, de chair fraiche et de meurtre. Sullivan ne sut pas combien de temps il resta là, immobile sous les coups. Il avait perdu tout intérêt pour ce qui l’entourait. Que ce soit l’horrible douleur qui colorait son corps de bleu, rouge et vert, comme les yeux et le rire fou de son cinglé d’assaillant. Son esprit l’emmenait flotter on ne sait où, dans une espèce de néant blanc inconnu et sifflant. C’était comme une pause, un moment perdu et suspendu dans cette étrange étendue d’eau qu’était le temps.
Le temps reprit son court quand Kyle et Rupert, hurlant de peur et d’hystérie, passèrent derrière Dévon, le bousculant. Profitant de sa liberté retrouvée, Sullivan rampa, allant se cacher dans un buisson. Il regardait alors Dévon qui essayait difficilement de se relever et de fuir devant un Bronx aux babines mousseuses et dégoulinantes de bave rosée.
Derrière le chien, quelqu’un semblait leur jeter tout un tas de pierres et de cailloux en pagaille. Les dents et les yeux de la petite brute avaient repris leur apparence d’entant. Sullivan, ne sachant si c’était l’obscurité ambiante ou le jeu d’ombres et de lumières par les lampadaires cachés derrière le feuillage des arbres alentours, mais il sembla apercevoir une ombre aux pieds de Dévon.
Une ombre de bête monstrueuse, tentaculaire et désarticulée. Le petit garçon avait vraiment l’impression que l’ombre ouvrait sa gueule habité par des crocs horribles et terrifiants. Une longue langue, semblable à celle d’un lézard ou d’un caméléon, sortit de sa gueule, semblant entourer l’ombre du jeteur de cailloux qui passait devant sa cachette.
Réussissant enfin – et on ne sait comment – à sa relever, Dévon se mit à courir, cherchant à échapper au chien gargouille et à la personne masquée. L’ombre qui semblait se trouver à ses pieds resta à terre. Mouvant encore quelques sur les pavés du sol, l’ombre disparut en une nuée de poussière sombre et visqueuse. Seul, deux points rouges sang et brillants restèrent encore quelques secondes, regardant la personne masquée avec une rage dangereuse. Quand les lumières disparurent à leur tour, le jeteur de cailloux grogna, marmonnant de drôles de mots incongrus, dont le son était plus semblable à un gargouillement incompréhensible qu’autre chose.
"Eh, me laissez pas seul les gars ! J’veux pas me faire tuer par Jason !" hurla le rondouillard en disparaissant au bout du chemin.
"Eh tu vas bien ?"
Sullivan releva la tête, la passant par-delà le feuillage. Il ne rêvait pas, on venait bien de lui parler non ? Le petit garçon hurla de terreur quand il vit, juste à quelques centimètres de son visage, une personne portant un masque de hockey rappelant le personnage d’un célèbre film d’horreur. En réaction à son hurlement, plutôt aigu, la personne masquée recula de quelques pas en se bouchant les oreilles.
"Wow, tu devrais faire gaffe la chanteuse ! Mes oreilles risquent d’exploser si tu continues de pousser ta chansonnette. En parlant d’oreille, tu as vu les tiennes ?! Ces garçons ne t’ont absolument pas raté, ils les ont presque déchirées en deux. Tu veux que j’aille chercher quelqu’un ou…"
Sullivan arrêta d’hurler quand il vit que la personne avait tourné la tête vers les trois fuyards, avant de le regarder à nouveau droit dans les yeux. La personne se démasqua, coupant le souffle du petit garçon. Il ne s’en avait surement pas aperçu à cause de son masque, de sa salopette qui lui faisait une ou deux tailles en plus, des roues à ses rollers qui lui faisait gagner quelques bons centimètres et de son masque de hockey, mais la personne qui était en face de lui à cet instant…
"Mais vous… Vous êtes une fille ?! Enfin, une demoiselle ?!" s’écria Sullivan. "Et vous avez quel âge en plus ?"
"Déjà premièrement, tu viens de m’apprendre une chose car je ne savais pas que j’avais changé de sexe", répondit sarcastiquement la jeune fille, avant d’ajouter d’une voix soupirante et dépitée. "Et deuxièmement… Sache, jeune homme, qu’un vrai gentleman ne demande pas son âge à une femme ! C’est extrêmement malpoli !"
[Fin musique ambiance n°4]
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[Musique ambiance n°5]
Luna volait, la tête ailleurs. Cela faisait plusieurs minutes qu’elle voyageait dans le ciel à grands coups d’ailes. La princesse lunaire était tellement plongée dans ses pensées qu’elle avait perdu la notion du temps. Elle aurait même put tourner en rond dans le ciel nocturne que cela ne l’aurait absolument pas étonné le moins du monde. L’alicorne noire était même en train de tourner autour d’une des tours du château royal de Canterlot depuis au moins une heure.
Sentant alors que ses ailes commençaient à se fatiguer, la princesse Lunaire se posa sur un balcon au hasard. Il fallait vraiment qu’elle réussisse à se vider la tête. Depuis son réveil, celle-ci en était pleine à ras-bord, ne laissant pas Luna tranquille. La jument noire s’assit contre le muret de protection du petit balcon, posant sa tête dessus. Suivant son état de penser, sa crinière galaxiale avait fini d’onduler, vidé de toute magie ou énergie. La jument noire leva les yeux vers le ciel nuageux qui cachaient sa lune. Elle n’était pas au courant de la météo de Canterlot. Est-ce que les pégases de la ville avaient prévu de faire un ciel pluvieux cette nuit ? Si c’était cela, ils s’étaient grandement surpassés. Mais honnêtement, la princesse de la lune n’en avait aucune idée et elle s’en fichait complètement.
Luna soupira et marmonna quelque chose dans sa barbe, épuisée et ennuyée par cette soirée. Elle regardait le ciel, ailleurs, elle ne savait plus quoi faire maintenant. Elle n’avait pas envie d’aller se promener dans les couloirs du château, ou de rendre visite aux Batponies de la garde de nuit. Il est vrai qu’elle devrait explorer les rêves des poneys, mais elle ne le voulait pas. Elle aurait juste assez de magie pour aller voir les rêves de ses fils vu qu’ils sont reliés à elle par le sang, pas plus. Peut-être de sa fille… Non, Moonbeam était encore trop jeune pour faire de véritables rêves, son système nerveux était pas encore suffisamment fort pour créer quelque chose d’aussi complexe qu’un rêve. Y aller serait comme patauger et s’englué dans une espèce de marmelade informe. Et même si Luna était très curieuse, elle n’avait vraiment envie de déranger sa petite pouliche comme ça. Elle verra les premières rêveries de sa fille en temps et en heure, elle devait juste se montrer patiente. Mais qu’est-ce qu’elle en avait hâte quand même, elle en trépignait d’impatience.
[Fin musique ambiance n°5]
[Musique ambiance n°6]
Luna releva la tête, depuis un moment, un étrange bruit de fond se faisait entendre, comme si on tapait continuellement à une fenêtre. Qu’est-ce que c’était que ce bruit bon sang ?! La jument noire grogna, elle en avait plus que marre, ce bruit l’agaçait véritablement. Tout en grognant, on ne sait quelle insulte grasse, Luna se remit debout, regardant autour d’elle. Elle vit alors ce qui provoquait le bruit. À quelques étages plus bas, dans l’aile nord du bâtiment principal, la princesse lunaire voyait la pauvre Cozy Glow, les larmes aux yeux et au bord de l’évanouissement, frapper désespérément une fenêtre de sa tête.
Elle n’allait pas le cacher, si la pégase beige – comme bon nombre d’autres poneys derrière la fenêtre – n’était pas saucissonnée la tête en bas, bâillonnée et engluée d’une bouillasse violette, Luna serait en train d’éclater de rire face à une telle vision. Attendez… Cozy Glow était saucissonnée et engluée dans une bouillasse violette ? Fronçant les sourcils, la jument noir utilisa sa magie pour se téléporté.
Elle soupira de dépit quand elle vit les dix-sept poneys accrochés au plafond dans des cocons de fils d’argent dégoulinant de ce drôle de liquide violâtre malodorant. Elle passa en revue les prisonniers. La jument noire reconnu le conseiller et le majordome personnel de Célestia ainsi qu’une de ses juments de compagnie, qu’est-ce qu’elle faisait là d’ailleurs ? Le médecin de la cours, quelques gardes pégases et Batponies, quelques domestiques…
Luna revint à la réalité, elle n’avait pas rêvé, elle avait bien vu. La jument noire se détourna des poneys qu’elle énumérait dans sa tête. Au beau milieu de tous ces cocons, elle retrouva Shining Armor et Timber Spurce, mais ce qui attira le plus son intention fut le visage d’une petite alicorne blanche.
Cozy Glow, oh que oui, elle adorait la voir dans une telle situation et la laisser ainsi ne lui déplairait pas. Les autres, bien entendu qu’elle allait les libérer, mais la petite Flurry Heart… Sa petite chérie ! Si Célestia considérait Cadence comme sa nièce, Luna considérait la petite protectrice du cœur de cristal comme sa filleule. L’alicorne noire n’était pas idiote, elle savait que Twilight était sa tante et sa marraine officielle, mais quelque chose de différent liait les deux princesses. Et cette chose était l’amour de regarder les étoiles qui illuminent son ciel nocturne.
En effet, la petite protectrice du cœur de Cristal avait toujours adorée les nuits que la jument noire mettait tellement de mal à préparer et à protéger. Luna se rappelait encore de ces innombrables nuits. Elle allait voir la petite pouliche malicieuse qu’elle était pour la forcer à aller se coucher. Après tout, même si elle était honorée et extrêmement touchée que la petite reste éveillé jusqu’à des heures pas possible juste pour continuer à regarder ses constellations. Plus d’une fois, l’alicorne noire était rentrée dans la chambre de la petite alicorne blanche pour la trouvée devant la fenêtre de sa chambre, endormie un sourire heureux et rêveur collé aux lèvres.
L’alicorne noire s’occupait donc de recoucher la petite dans son lit et après l’avoir salué dans ses rêves, lui faisant promettre de ne plus veiller aussi tard, Luna s’en allait pour surveiller et protéger Equestria. Bien entendu, Flurry Heart ne respectait jamais cette promesse, elle attendait toujours celle qu’elle avait finit par appeler affectueusement Lady Goodnight. Et cette relation durait encore aujourd’hui, au grand bonheur de la princesse lunaire.
Luna s’approcha du cocon de la petite protectrice du cœur de cristal. Elle lui caressa lentement le visage du bout du sabot, provoquant le réveil de la petite alicorne. Ouvrant les yeux, Flurry, se reconnectant à la réalité et à la situation dans laquelle elle se trouvait, se mit à s’agiter complètement affolée. Elle criait ou plutôt, gémissait de peur derrière son bâillon. Cherchant à la calmer, Luna saisit son visage entre ses sabots, la forçant à la regarder. La petite princesse, reconnaissant sa marraine de cœur se calma, fermant les yeux, soulagée, elle reprit doucement son souffle, expirant un grand coup par ses naseaux. La prenant entre ses pattes, l’alicorne noire se mit à battre des ailes, portant sa jeune consœur pour la redresser au maximum, la mettant dans une position allongée plus confortable.
"Comet Dust et Nocturn Obscurium avec Oympie et Malala je présume ?" demanda Luna d’une voix légèrement énervée. "Ne bouge surtout pas, je vais essayer de t’enlever ce bâillon. Je vais en sorte de ne pas te de faire mal, mais je ne te promets rien."
Flurry leva les yeux en grognant harassée. Luna toucha le bâillon de toile métallisée du sabot. Illuminant sa corne de magie, elle l’approcha des fils métallisés du bâillon. Sans surprise, ceux-ci reflétèrent la lumière du sort, renvoyant la lumière vers les autres cocons, renforçant la magie par la même occasion. Le sort atterrit finalement sur le cocon de Cozy Glow, l’ensorcelant. La prison de fils de la pégase beige se mit alors à remuer dans les airs, de plus en plus vite. Cognant le crâne de la prisonnière contre les murs, le plafond et quelques meubles.
Voyant cela, Luna s’étouffa presque de rire. Elle en avait les larmes aux yeux tellement retenir son fou rire était douloureux. Elle avait mal à la mâchoire et aux cotes. Elle n’en pouvait plus, elle n’arrivait plus à respirer. L’alicorne noire pesta dans sa tête. Elle n’allait pas se le cacher, elle n’appréciait pas la petite pégase. Pas le moins du monde. Alors la voir dans une telle situation… La jument noire retrouva son calme et revint à la réalité quand elle sentit Flurry gémir et s’agiter dans ses pattes. L’alicorne noire baissa le regard vers sa petite protégée, une grimace désolé déformée par un rire retenue collée aux lèvres. La petite alicorne grogna et se mit à déblatérer on ne sait quels gargouillements derrière son bâillon.
"D’accord, d’accord ! J’arrête de rire. Je m’arrête et je te libère, je te le promets", se calma l’alicorne noire en lâchant un nouveau petit rire.
Luna arrêta enfin de rire, exécutant plusieurs respirations pour reprendre son calme et retrouver son sérieux. Ce qui lui était difficile vu que la jument noire entendait la domestique gémir à l’aide derrière elle. Mais un énième gémissement de Flurry lui fit définitivement revenir sur terre. La jument noire réfléchit un instant. Comment ses enfants faisaient pour briser cette foutue toile ?!
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(P.O.V. Luna)
C’est une magnifique nuit aujourd’hui. Les Batponies de la garde de nuit volent tranquillement dans le ciel. J’entends les petits galops qui résonnent dans l’herbe à côté de moi. C’est fou ce que ça grandit vite, cela va bientôt faire un an qu’ils sont entrés, non, que je les ai imbriqué dans ma vie. Eux et cette drôle d’araignée qu’ils ont trouvés je ne sais où dans le château.
Je tourne la tête quand j’entends d’autre bruit de sabots, un peu plus lourd que ceux qui m’accompagnent depuis quelques minutes. Célestia, pas du tout apprêté et avec une grosse couverture sur ses ailes s’approche de moi. Elle se couche à côté de moi, pose sa tête sur mon dos, baillant d’une façon pas du tout princière. J’ouvre une de mes ailes et je l’entoure.
"Est-ce que l’on t’as réveillé ?"
"Non, c’est pas vous qui m’avez réveillée", grommelle t’elle en baillant. "Cauchemars…"
"Oh non mince, excuse-moi !" grognai-je en levant les yeux au ciel. "J’étais aux Doors of dreams et je suis revenu pour voir comment les jumeaux allait et j’ai pas vu le temps passé !"
"Ne t’inquiète pas ma sœur, connaissant nos chers poneys, je suis certaine qu’ils comprennent que tu prends soin de tes fils."
Je souris aux propos de ma sœur. Elle avait toujours le bon mot pour me rassurer. L’un de mes jumeaux cria un peu plus fort. Célestia et moi, on relève nos têtes vers les garçons. Comet Dust a les sabots collés l’un contre l’autre. Sentant surement qu’elle a fait une bêtise, l’araignée fonce et se cache dans les hauts branchages d’un arbre. Mouais, cette arachnide a bien raison de s’enfuir loin de ma colère. Je déteste la violence envers les animaux, surtout celui de mes chers fils adorés, mais actuellement, je lutte pour ne pas lui lancer un bon petit sort paralysant de derrière les fagots. Je me lève et je me rapproche de mes garçons. Dust essaye de se débarrasser de cette toile. Il secoue les sabots, essaye de les mordre en pleurant encore et encore. C’est difficile de les décoller une fois qu’elles touchent quelque chose. Elle n’en a peut être pas l’air, mais cette toile est extrêmement solide. Je regarde Célestia, pour lui demander de m’aider. Elle s’est complètement rendormie, des ronflements sonores s’élevant de sa bouche d’où s’écoulait un énorme filet de bave. Je souffle d’exaspération, ça va être compliqué.
Je prends mon poulain contre moi, le calmant lentement en lui frottant le dos du sabot. Il faut que je réfléchisse. Nocturn s’approche de nous, frotte ses sabots l’un contre l’autre et les poses immédiatement contre les fils.
(Fin P.O.V. Luna)
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Luna ouvrit les yeux. C’est ça ! Elle devait utiliser un sort de ce calibre. L’alicorne noire éclata de rire dans sa tête. Les Batponies et leurs merveilleuses capacités, qu’est-ce qu’elle les adorait.
"Flurry, ma chérie, il va falloir que tu restes le plus calme possible et que tu prennes une grande inspiration d’accord ?" la jument leva la tête et regarda tous les autres cocons. "Pour tous ceux qui peuvent m’entendre, essayez vous aussi de prendre une grande inspiration et de rester le plus sereins possible."
Luna libéra lentement Flurry Heart, la remettant dans sa position initiale, la tête en bas. Elle se mit à battre des ailes, s’élevant à quelques centimètres du sol. Elle illumina sa corne d’un rayon bleu nuit qui tourna lentement vers le blanc gelé. Rapidement, un air froid composé de flocons de neige et de petits cristaux de glace scintillants tournoyait autour d’elle. La température du couloir chuta drastiquement. Flurry Heart et les poneys encore un tant soit peu réveillés regardèrent avec inquiétude, les pics, les stalagmites et stalactites gelés qui sortaient des sols, murs et plafonds autour d’eux. Quelques domestiques encore conscients soupirèrent… Ca allait être pour qui ce travail en plus ?
Chacun des prisonniers arrêta de réfléchir. Le froid ambiant les empêchait leur cerveau d’exécuter toutes pensées cohérentes. L’esprit dans le vague, Flurry entendit un fort craquement. Elle réussit à peine à faire la part des choses que son crâne rencontra le carrelage du château dans un gros boom.
"T’aurais pas pu faire apparaitre un ou deux coussins, hein Tante Luni !" grogna de douleur la petite alicorne en se frottant la tête et la corne.
Flurry Heart releva la tête pour regarder la princesse Lunaire. Elle avait quelques fois entendu parler de Nightmare Moon, et la petite alicorne savait que la noire adorait arborer l’apparence de son alter-égo pour les soirées de Nightmare Night, mais là… La petite protectrice du cœur de Cristal se demanda légitimement si elle ne préfèrerait pas avoir l’ancienne ennemie d’Equestria à cet instant même.
Les yeux de Luna flamboyait d’un rouge rageur quand elle disparut dans un flash bleu nuit. La petite Flurry déglutit de frayeur. Les jumeaux allaient passé un inoubliable et très mauvais quart d’heure.
[Fin musique ambiance n°6]
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[Musique ambiance n°7]
"Ouch ! Arrête, tu appuies trop fort !" essaya d’articuler Sullivan.
"Si tu arrêtais de bouger aussi !"
"Ca pique !"
"C’est de l’alcool médical, à quoi est-ce que tu t’attendais ?! Et dire que mon prochain prince est le fils d’un démon j’te jure ! En même temps, si j’avais su que les gargouilles étaient aussi douillettes ! Mais bon, il faut bien de tout pour faire un monde comme on le dit !" marmonna la petite fille en appuyant un peu plus fort le coton sous l’œil de Sullivan, avant d’ajouter en grognant. "Bon j’ai presque terminé, essayes de ne plus bouger le temps que je te pose le penchement. Oh et au fait, j’avais plus que des penchements en forme d’Hello Kitty à paillettes rose et qui sentent la fraise, désolé. Pour tes jambes, je peux rien faire, je te conseille donc de ne pas trop marcher et de surtout rester caché jusqu’à la nuit prochaine. Tu peux faire ça ? Oui ? Génial ! T’es un bon p’tit Prince ! Grandis encore un peu et on se verra à l’avènement !"
Sullivan regarda la jeune fille ranger sa trousse de premiers secours dans son sac à dos avec une expression, comment dire… Ahurie ? De loin, avec sa bouche grande ouverte et ses yeux exorbités d’incompréhension, le pauvre garçon avait l’air d’un poisson hors de l’eau. La jeune fille commença à s’éloigné du banc où il s’était assis, s’approchant de Bronx. Le chien gargouille s’amusait tout seul en mâchonnant un gros bout de bois. Il releva la tête et tira joyeusement la langue quand la jeune fille s’approcha de lui pour lui caresser le cou et derrière les oreilles.
Sullivan la regarda faire. Elle semblait parler à Bronx, faisant de grands gestes avec ses mains ; comme si elle mimait quelque chose qui ressemblait à une grosse balle. Semblant d’accord et accepter sa requête, le chien gargouille se mit à trépigner, à sautiller autour d’elle en remuant sa petite queue et aboyant gaiment, provoquant un petit rire attendrit chez la jeune fille. Elle lui gratta alors le cou, juste sous le menton, le faisant grogner de contentement en pointant un endroit vers le petit lac du doigt. Sautant sur ses quatre pattes et dans un grognement espiègle et de défi, Bronx se mit à courir se jetant dans l’eau la tête la première. Le petit garçon le regarda de loin, il le voyait plusieurs fois plonger et mettre la tête sous l’eau avant de remonter, comme si il essayait de trouver quelque chose au fond du lac. En plus, le gros chien semblait concentrer sur sa mission. Car plusieurs fois en sortant la tête hors de l’eau, le chien grognait agacé comme s’il s’énervait de ne pas trouver ce qu’il cherchait. Qu’est-ce que cette fille avait bien put lui dire pour qu’il soit aussi entêté et assidu à sa tâche ?
Sullivan se retourna s’apprêtant à lui poser la question quand il se cacha les yeux en rougissant violemment. Elle était cachée derrière un buisson et était en train de se changer. Et bien, elle n’avait pas peur, ça on pouvait le dire. Et est-ce qu’il avait rêvé ou… Le petit garçon écarta légèrement les doigts essayant de voir au travers. Avant de se cacher à nouveau les yeux en rougissant encore plus. Ce qui à première vu, semblait impossible. Même Brooklyn n’était pas aussi rouge. En tout cas, il a eu la confirmation. Il avait bien vue un tout petit début de poitrine. La jeune fille devait être au début de la puberté. Sullivan grogna de frustration. Si son père voyait cela qu’est-ce qu’il lui dirait ?!
"Est-ce que tu pourrais regarder ailleurs ? S’il te plait ? Merci !" grogna la jeune fille.
"Je ne te…"
"Mouais c’est ça ! Et moi je ne suis pas la création et fille adoptive d’un monstre géant à tentacules, qu’il m’a arraché le cœur pour que les siens ne détruisent je ne sais trop quoi dans l’univers", rit la jeune fille. "Mais qu’est je raconte encore ?!"
"Euh… d’accord."
Sullivan tourna la tête, regardant à nouveau Bronx qui sortit à nouveau la tête de l’eau. Il poussa un grognement qui était beaucoup plus proche d’un essoufflement qu’autre chose. Le chien gargouille poussa un souffle en baissant ses oreilles d’abattement, il était épuisé. Ayant peur pour son animal, le petit garçon se leva du banc et avança, comme il le pu, du bord de l’eau. Ses jambes étant encore douloureuse, il chuta et s’écrasa dans la boue formée par les petites vaguelettes du lac. Ayant vu son petit maitre tomber Bronx nagea à toute vitesse vers la berge en aboyant bruyamment, inquiet.
"Eh ben, ça c’est du joli ! Comment Bronx va pouvoir te ramener le pass si il revient vers toi ?"
Sullivan releva la tête vers la jeune fille. Il écarquilla les yeux. Elle avait l’air complètement différente de tout à l’heure. Où était passé sa salopette noire délavée et décousue de partout ? Où était passé son t-shirt rose à tête de mort noire et brillante ? Où était passés ses cheveux sales coiffés en un chignon précaire et décoiffé ?! Où était tout simplement partit le garçon manqué bagarreur ?!
Une jeune fille tirée à quatre épingles, en uniforme d’une école huppée et stricte, coiffée d’une longue et magnifique chevelure brune raide se trouvait devant le garçon. La tenue se terminait par de grosses lunettes rectangulaires à double foyers et un médaillon de croix chrétienne. Sullivan se releva sur ses jambes regardant la jeune fille de haut en bas… Bronx qui arriva sur la terre ferme se mit lui aussi à regarder la jeune fille en la reniflant. Il se mit à grogner bizarrement et à gémir, comme si il ne la reconnaissait pas.
"C’est bon, tu t’es assez rincé l’œil ?" grogna la jeune fille. "Si tu veux que je retourne dans les buissons, faut me le dire !"
Sullivan revint à la réalité. Secouant la tête tout en fermant sa bouche. Rincer l’œil ? Il ne se rinçait pas l’œil ? Non ? Si ? Le petit garçon tourna la tête vers son chien. Est-ce qu’il hallucinait ou Bronx se moquait de lui ? Son chien gargouille poussait une espèce de grognement très semblable à un rire, en plus, il semblait essayer de lui tourner le dos, nageant un peu plus loin. Sullivan en colère, gonfla ses joues d’air, retournant sa tête vers la fille pour répondre à ses moqueries quand un bruit d’explosion résonna dans le ciel.
Surpris, le garçon leva la tête vers le ciel. Derrière les nuages noirs et orageux, les constellations continuaient à habiller la nuit. Un objet, une espèce de gros rocher aux couleurs et à la luminescence rosée venait de traversé la stratosphère dans un énorme bombardement. Le rocher enflammé filait à grande vitesse vers la ville de New-York. Inquiet, le petit garçon attrapa le collier de son chien et essaya de le tirer pour le mener d’une manière ou d’une autre à l’abri. Ce qui pourrait être impossible, un rocher d’une taille pareil, New-York et ses alentours seraient sans doute détruits. Effrayé, le petit garçon attrapa son chien gargouille dans ses bras et le serra contre lui. Essayant de protéger son petit maitre, Bronx recouvrit le petit garçon de ses pattes, s’allongeant pratiquement sur son corps.
Sullivan releva la tête regardant la jeune fille. Elle se contentait de regarder le rocher de manière stoïque. Elle était les bras croisés, regardant parfois ses ongles. On aurait dit qu’elle s’ennuyait plus à mourir, qu’autre chose. Sentant le regard de Sullivan pesé sur elle, la jeune fille baissa la tête avant de soupirer, énervée par la situation. Elle s’apprêta à parler quand elle fut interrompu par l’impact du rocher avec l’eau et le fond du lac Wagner Cove.
L’impact du rocher provoqua plusieurs grosses vagues. Chacune d’entres elles fonçant avec force vers les berges, détruisant les pontons, barques et autres matériels nautiques. Les vagues arrivèrent jusqu’au trio, les submergeant en grande partie. Les vagues furent assez forte pour que Bronx se fasse emporter par les courants, retournant vers le milieu du lac où avait atterrit le rocher. Sullivan, retenant son souffle au maximum, était emprisonné dans les torrents tout en étant stabilisé par il ne savait trop quoi au même endroit. Quand les eaux se retirèrent, le petit garçon releva enfin la tête hors de l’eau, inspirant à grande goulée d’air. Voyant enfin que ce qui lui avait permit de se maintenir au même endroit, c’est-à-dire, la jeune fille, qui lui avait tenu le poignet en restant parfaitement immobile malgré le torrent, il commença à se demander s’il n’avait pas tout simplement halluciné. Ses vêtements mouillés et les aboiements effrayés et fatigués de Bronx prouvèrent que ce que venait de vivre le petit garçon était bel et bien réel. Entendant son chien aboyer comme ça, Sullivan se releva et essaya de rejoindre l’eau quand il fut violement projeté en arrière. Il allait émettre son désaccord quand la jeune fille – qui étrangement était entièrement sèche de la tête aux pieds – se dressa devant lui en levant bien haut ses mains au-dessus de sa tête.
"Eh le gros toutou !" hurla la jeune fille à l’attention de Bronx qui commençait à se noyer. "Calme-toi et ramène-moi ce que je t’ai demandé tout à l’heure ! Tu te souviens de ce que je t’ai dis, plus le morceau que tu rapporteras sera gros mieux ce sera ! Fais vite avant que le météore ne sombre dans le sol et que l’eau ne dissolve ce qu’il en reste !"
"Mais tu es folle ! Mon chien est en train de se noyer et tu lui demandes de ramener un caillou de l’espace ou je ne sais trop quoi ?!"
"Mais tranquillise-toi… Il va très bien aller. Cette énergie ne va pas lui faire du mal, cela va même lui redonner un bon coup de peps", grogna la jeune fille agacée, comme si c’était une évidence, avant de finalement redevenir sérieuse, semblant réfléchir. "Quoique… Sa salive avait viré au rose tout à l’heure quand il a couru après les trois gamins. Il est donc possible qu’il ait trouvé d’une manière ou d’une autre des résidus de cristaux d’énergie dans le lac et qu’il les ait mangés. Donc, il se pourrait bien qu’il rentre en surdosage. Bon sang, les gargouilles sont vraiment impossibles ! Elles accumulent de l’énergie durant leur sommeil de pierre, mais juste une dose de plus et elles deviennent complètement inutiles ! C’est infligeant que cela me file une migraine."
"Mais tu… Est-ce que je peux savoir qui tu es et ce que tu nous veux à Bronx et à moi ?!" hurla Sullivan avant de pointer le rocher au milieu du lac. "Et tu vas m’expliquer ce que c’est que ce rocher à la fin ?! Pourquoi tu veux que mon chien en rapporte un morceau et surtout pourquoi personne ne semble…"
"Tais-toi, tu m’agaces. Et puis, ça en a pas l’air mais tu as une voix super forte ! Tu dois avoir au moins 14 ans pour que ta voix ait mué comme ça !"
"Non j’ai presque 7…"
"Je t’ai dit de te taire !"
La jeune fille avait posé ses doigts sur la bouche de Sullivan. Le jeune garçon, surpris, loucha sur les doigts de la jeune fille avant de rougir violement. Revenant à la réalité, le petit garçon enleva la main de la jeune fille d’une pichenette. Il allait une énième fois essayer de répondre aux provocations de la jeune fille quand quelque chose le recouvrit entièrement.
Sullivan gesticula, essayant de se débarrasser de ce qui le maintenait prisonnier. Il ne savait pas ce que c’était. Une serviette de plage ? Une nappe ? Un drap ? Ou un long tissu quelconque ? Le petit garçon n’arriva pas à identifier ce que c’était, mais cela pesait une tonne. Enfin, non… Cela n’était pas si lourd que cela, c’était plus encombrant qu’autre chose, mais cela pesait tout de même son poids. Réussissant enfin à se débarrasser de ce tissu, il entendit les aboiements de Bronx. Le chien gargouille nageait vers la berge avec une extrême rapidité. Une énorme roche rosée irradiant d’une luminescence violette se trouvait dans sa gueule.
Le petit garçon courra rejoindre son chien, l’eau lui arrivant aux genoux. Bronx, arrivant à la hauteur de son petit maitre, s’écroula dans l’eau, lâchant la pierre qu’il avait toujours dans sa gueule. Sullivan s’agenouilla dans l’eau, caressant lentement la peau de son animal. L’entièreté du corps bleuté du chien gargouille était traversé de longues et longilignes marques rosées. Une lumière violacée semblait sortir de ces lignes, répandant une étrange énergie dans l’air. Bronx était essoufflé. Il grognait et gémissait sans cesse. Ses yeux brillaient d’une lumière rosée. Bronx leva la tête vers son petit maitre, semblant l’appeler à l’aide. Il était exténué, il souffrait mais son corps ne le laissait pas se reposer. Comme si il échappait à sa propre volonté, son corps, parcouru de nombreux spasmes, continuait à se fatiguer. La gargouille bestiale courrait encore et encore dans le vide. Comme si il cherchait à évacuer d’une manière ou d’une autre cette énergie qui circulait dans son organisme. La gargouille commença alors à s’étrangler. Prit de plusieurs quintes de toux douloureuse, Bronx toussa plus d’une vingtaine de fois, crachant du sang à chaque toux, il finit par vomir une espèce de bouillasse dont la couleur endurait entre le violet et le rose.
Effrayé par ce qu’il voyait, Sullivan eu un mouvement de recul. Il n’avait jamais rien vu de tel chez une gargouille ou n’importe quel être vivant. Le petit garçon hurla de peur, des larmes coulant à torrent le long de ses joues. Sullivan se mit à crier en regardant autour de lui, appelant à l’aide. Peut-être que pas grand monde n’appréciait les gargouilles dans la ville de New-York, mais personne ne resterait sourd à l’appel d’enfant ? Non ? Sullivan commença à paniquer, pourquoi personne ne venait ?! Et où était Hudson, il aurait déjà dû arriver il y a des heures !
La jeune fille bouscula Sullivan, le poussant loin du chien. Elle recouvrit alors Bronx du tissu qui avait emprisonné le garçon quelques minutes plus tôt. Elle, s’assit à côté de la bête, elle lui caressait le dos d’une main, tout en cherchant quelque chose dans son sac-à-dos de l’autre. Elle en sortit une longue flute en cuivre, semblable à un aulos, cette espèce de flute double utilisée durant les rituels religieux durant la Grèce Antique. Elle la porta à ses lèvres et joua quelques notes. La mélodie sembla calmer la dangereuse énergie qui s’échappait du corps de la gargouille bestiale. Bronx reprit lentement et surement une respiration plus tranquille et apaisée. Voyant que son initiative marchait, la jeune fille se mit à sourire doucement.
"C’est ça ! Tu es un bon chien. Essaie d’accepter cette énergie et de la rejeter en même temps. Tu peux faire ça ?" demanda la jeune fille d’une voix apaisante. "Respire lentement et laisse-toi aller. Laisse cette puissance faire son chemin. Si tu n’y arrives pas, focalise-toi sur le rythme de la musique, d’accord ? Maintenant, ferme les yeux, reposes-toi et laisse tes instincts démoniaques te guider."
[Fin musique ambiance n°7]
[Musique ambiance n°8]
Bronx écouta la jeune fille et ferma les yeux, calibrant sa respiration sur le rythme de la musique qu’elle jouait avec sa flute. Le son de l’eau du lac s’accordait parfaitement avec celui de l’instrument. Une ambiance reposante et douce, mais également sombre s’installa doucement autour de la fille. Sullivan n’aimait pas ça. Il avait l’impression de se faire observer, quelque chose dans l’ombre le surveillait. Quelque chose de gigantesque et dangereux.
Le petit garçon se concentra à nouveau sur son chien. Bronx recommençait à grogner et à gémir. Il trépignait à nouveau de douleur. N’arrivant plus à rester coucher, le chien gargouille se releva, tanguant sur ses pattes. Il levait la tête vers le ciel, un drôle de liquide semblait sortir de force de ses babines. On aurait dit qu’il s’étranglait comme si cette substance débordait de sa gorge et de sa gueule. Voyant son état, la jeune fille posa sa main sur la tête du chien, l’apaisant et le calmant. Bronx ouvrit les yeux, la lumière rosé qui s’en échappait jusque là était en train de se tarir, laissant place à de l’obscurité.
Bronx abaissa son corps vers l’avant, se courbant d’une manière que la couverture tomba de son dos, laissant place à un horrible spectacle. Les traces rosées qui parcouraient le corps du chien se creusait, laissant apparaitre un liquide noir, semblable à de l’encre ou du pétrole. Des tentacules surplombés d’une vapeur noire en sortaient, se projetant partout dans l’air. Sullivan essayait de toutes ses forces de se cacher, ou de les éviter, l’un des tentacules vient à le toucher.
Sullivan se sentit bizarre. C’était étrange, il se sentait horriblement mal et en même temps, il se sentait si bien. Son sang bouillait et se gelait tour à tour dans son corps. Tout était obscur autour de lui, il ne voyait plus rien. Pourtant, une drôle de scène se déroulait dans cette obscurité. Une immense ombre, semblable à une gigantesque gargouille, émergea d’un océan d’obscurité liquide qui irradiait de lumières rosées et rouges. Des tentacules noires venaient rejoindre les gigantesques et acérées griffes de l’ombre, semblant s’abreuvoir du sang noir qui en coulait abondamment. D’immenses et terrifiants yeux rouges mécaniques observaient le petit garçon jusqu’au plus profond de son âme, le jaugeant.
Les visions de Sullivan se stoppèrent quand il entendit Bronx régurgiter. Ouvrant les yeux, le petit garçon vit son chien vomir une espèce de goudron dégoutant, quelque chose bloquait la gorge de la gargouille bestiale. Quelque chose semblait vouloir sortir, mais cela était trop gros pour passer la gorge et la gueule de l’animal. Oubliant sa peur et son dégout, le petit garçon fila vers son chien, entourant sa gorge d’un bras pendant qu’il enfonçait l’autre dans la gueule de l’animal. Sa main attrapa ce qui lui semblait être une pierre, le petit garçon réussit à tirer de toutes ses forces l’objet qui obstruait la gorge de l’animal. Une fois libéré, Bronx s’écroula se mettant à tousser, évacuant de son corps ce qui restait du liquide rosé. Un peu de bave et de sang s’écoulaient de ses babines. Il ferma les yeux, il était essoufflé et gémissait encore un peu. Les traces rosées et les tentacules obscurs s’évaporaient petit à petit, ramenant le corps du chien gargouille à son état d’origine. Epuisée, la gargouille bestiale soupira lourdement, commençant à s’endormir.
[Fin musique ambiance n°8]
La jeune fille arrêta de jouer de l’aulos, se concentrant sur Bronx qui avait posé sa tête sur ses genoux en s’endormant. Elle lui caressa tendrement la tête avant de tourner la sienne vers Sullivan. Le petit garçon était en train de trembler, essayant de comprendre ce qu’il venait de se passer. Le petit garçon sentit quelque chose de liquide se répandre dans sa main, le forçant à y tourner le regard. La roche noire qui se trouvait dans sa main, commençait à "fondre". De petits tentacules obscurs apparaissaient et se répandaient sur la surface de la pierre.
Effrayé par tout ce qu’il avait vu jusque-là, Sullivan lâcha la pierre dans un petit cri de frayeur. Semblant obéir à une espèce de conscience, la roche liquide tentaculaire, sembla se diriger vers la roche rosée qui se trouvait quelques mètres plus loin. Une fois arrivée auprès d’elle, la roche liquide se jeta sur la pierre rosée, semblant se fondre sur elle dans un bruit de clapotis immonde. Des bulles semblables à des verrues suintantes apparaissaient sur la surface, explosant, déversant une gelée noirâtre à l’odeur nauséabonde. Le petit garçon détourna le regard, se tenant le ventre et recouvrant la gorge de sa main, ignorant comment il faisait pour ne pas vomir.
Les deux pierres finirent par fusionner, se confondant en une seule de couleur opaque qui irradiait de noir, rose et violet. La pierre semblait vibrer de l’intérieure. La jeune fille écarta gentiment la tête de la gargouille bestiale de ses genoux, se leva et alla saisir la pierre. Une fois en main, elle la lâcha aussi vite qu’elle l’avait attrapée, filant vers l’eau du lac où elle plongea la main.
"Qu’est-ce que je suis conne ! J’ai oublié que la peau des humains du début de ce siècle n’est pas encore habituée à manipuler autant d’énergie sans risquer de se bruler", soupira la jeune fille en grognant de douleur. "Heureusement que l’eau de ce siècle a une stabilité moléculaire assez basse pour stopper la dissolution."
Sullivan se releva, se dirigeant vers la jeune fille quand son regard fut attiré par la pierre opaque. Il saisit une énorme branche d’arbre, s’apprêtant à l’abattre sur la roche quand la jeune fille lui saisit le poignet, l’arrêtant dans son élan.
"Tu es aussi con que moi si tu crois que tu peux détruire cette chose avec cette brindille ! Au fait, est-ce que tu sais nager ?"
"Pourquoi tu…" demanda Sullivan.
"Tu sais nager oui ou merde ?!" soupira la jeune fille.
"Oui, c’est bien le seul truc que je peux faire avec mes stupides jambes sans que cela ne me fasse mal", grogna le petit garçon. "Mais pourquoi tu me deman… ?"
"Très bien, alors viens par là !"
La jeune fille saisit la pierre en recouvrant sa main d’un mouchoir en tissus, attrapa le poignet de Sullivan et le tira jusqu’au lac. Ils s’arrêtèrent quand l’eau leur arriva aux genoux. Une fois qu’ils se furent arrêtés, la jeune fille se retourna et poussa le petit garçon dans l’eau. Le temps qu’il comprenne ce qu’il venait de lui arrivé et de sortir la tête de l’eau, la jeune fille avait attrapé ses jambes et posé la pierre dans un de ses pieds griffus. Voyant cela et remarquant les traces qui commençaient à se répandre le long de sa jambe droite, le jeune garçon eu un mouvement de recul en balançant la pierre dans les airs. La jeune fille la rattrapa de justesse.
"Bon vu ce qui vient de se passer avec ton chien, je peux comprendre que tu ne veuilles pas rentrer en contact d’une façon ou d’une autre cette pierre", concéda la jeune fille en soupirant. "Aller viens, il faut que je te l’accroche à ton pied."
"Quoi ?!" hurla Sullivan.
"Oui, le pied ou ta queue, comme tu veux… Oh et puis merde ! Ne bouge pas que je te place ce truc, on a plus le temps, la nuit est déjà assez bien entamée comme ça !"
"Hors de question que tu me touches avec ce truc !"
Sullivan se mit à courir, essayant de fuir la jeune fille aussi vite et aussi loin que possible. La jeune fille coursa le petit garçon pendant plusieurs minutes. Plusieurs fois, La jeune fille arriva à bloquer ou faire tomber Sullivan, mais le temps qu’elle réussisse à créer un contact entre la pierre et la peau du garçon, il arrivait à se défaire de sa prise. Après une énième fuite du garçon, ce fut la jeune fille qui chuta dans l’eau. Elle releva le bras juste à temps pour récupérer la pierre qui commençait à se dissoudre au contact de l’élément liquide. Une fois relevé, elle emballa la pierre dans le mouchoir.
"Mais tu es taré ?! Tu sais combien d’énergie corporelle cela me coute de faire tomber un météore ?! Mon corps humain est très fragile tu sais ! Et je ne pense pas que Bronx ou toute autre gargouille soit capable de convertir autant d’énergie avant un bon moment ! Tu veux que je le refasse et que je l’épuise plus qu’il ne l’est déjà ?! A moins que tu ne veuilles prendre sa place ! Si ce n’est que ça, je peux te faire plaisir !" hurla la jeune fille.
"Non… Je ne veux pas", bégaya Sullivan de peur.
"Alors reste tranquilles le temps que je t’accroche cette fichue pierre", grogna la jeune fille en s’approchant de Sullivan.
"Je ne veux pas mourir !" cria Sullivan en se recroquevillant et se protégeant avec ses bras.
"Quoi ? Mais tu ne vas pas…" répondit la jeune fille avant de sourire tendrement, comprenant l’état mental du garçon. "Tu ne vas pas mourir et encore moins Bronx."
"Bronx ne va pas…"
"Mais non, son corps est juste épuisé, il n’y a rien de grave je te rassure. L’énergie négative qui circule dans son corps a dû combattre l’énergie brute de l’énergon pour créer la roche noire de tout à l’heure. En même temps, tu n’es qu’un gamin, tu n’as que sept ans. Ce que tu as vu à dû te traumatiser. J’aurais dû être plus prudente."
La jeune fille se rapprocha de Sullivan, s’asseyant à côté de lui. Elle entoura les épaules du petit garçon d’un de ses bras, ramenant sa tête dans son cou. Le geste de la jeune fille le fit rougir violemment. Il se défit de l’étreinte, rouge de gêne, ce qui provoqua un rire attendri chez la jeune fille.
"C’est fou, tu me rappelle Gallarän ! Il était exactement comme toi au même âge. Intéressé par les filles, mais dès qu’elles s’approchaient trop près de lui, il s’enfuyait", soupira la jeune fille dans un rire nostalgique, un petit sourire entendu coller aux lèvres. "Un vrai pervers en devenir. Quoique, il regardait aussi beaucoup les hommes."
"Eh je ne suis pas… !"
"C’est le gamin qui me regardait me changer dans les buissons qui dit ça ? Ne t’inquiète pas, c’est normal pour un garçon de ton âge. Les gargouilles, surtout les mâles, se développent très vite. Tu as beau être à moitié humain, je vois que tu possèdes plusieurs caractéristiques. Toi aussi, tu grandis."
"Je ne regardais pas, je le jure !" balbutia Sullivan rouge à l’extrême, avant de soupirer tristement. "Et puis, je ne suis pas une gargouille. Je ne suis pas un…"
"Laisse-moi deviner. Tu vas me dire « Je ne suis pas un guerrier, je suis un petit garçon », c’est ça ?" rit doucement la jeune fille. "Oui, il y a pas à dire, tu ressemble beaucoup à Galla pour rien."
"C’est qui cette personne dont tu parles depuis tout à l’heure ?"
"Gallarän ? Oh, disons que c’était le précédent Goliath. Ton grand-père spirituel, si on peut dire. Je suis sûr que tu le connais ou du moins tu l’as déjà vu. On ne peut pas le manquer, il est plutôt efféminé pour un guerrier."
"Tu trouves que je ressemble à une fille ?"
"Non, ce n’est pas ce que je veux dire. C’est un guerrier puissant mais avec un énorme fardeau sur les épaules. Donc cette excentricité de sa part c’est rien du tout", murmura tristement la jeune fille avec un sourire nostalgique. "Il est tout le contraire d’Optimus si tu veux mon avis. Mais c’est ça qui le rend formidable."
"Qui ?"
"Personne, ne t’inquiète pas."
La jeune fille se releva, essorant l’arrière de sa jupe. Elle fit quelques pas, avançant un peu plus dans l’eau. Elle regarda le ciel, la ville de New-York et les gratte-ciels qui la composaient. Son regard fut particulièrement attirer par la Xanatos Tower. Elle se retourna vers Sullivan qui s’était rapproché, lui tendant la pierre. Voyant le paquet de tissus, le petit garçon fut pris d’un sursaut et recula d’un pas. Face à son geste, la jeune fille soupira et baissa la tête.
"Sullivan, écoute…" murmura la jeune fille.
"Comment connais-tu mon nom ?!" l’interrompit le petit garçon.
"C’est toi qui…"
"Je ne te l’ai jamais dit ! Je suis peut-être un enfant, mais je ne suis pas naïf ! Ne crois pas me duper d’une manière aussi idiote !"
"Oui oui, bien sûr. Je ne te prends pas pour un idiot", rit doucement la jeune fille. "Et si je te disais que je connais ton nom car ce n’est pas la première fois que je l’entends. Tu viens régulièrement dans ce parc et Hudson vient parfois te chercher non ?"
"Bon d’accord… Là c’est plus plausible", concéda Sullivan méfiant.
La jeune fille se mit à rire emportant celui de Sullivan avec elle. Elle se rapprocha du petit garçon, enleva le mouchoir et lui montra la pierre opaque. Maintenant qu’il observait pleinement. La lumière noire et rosée n’était pas très voyante. Très douce, elle ressemblait à celle de la veilleuse de son ami Alexandre. Le bruit de vibration ressemblait aux grognements que Bronx faisait pour le rassurer. Tremblant et toujours méfiant, Sullivan approcha sa main. La lumière augmenta lentement, c’était rassurant en fait. Rassurant, apaisant et obsédant…
"Cela ne fait pas si peur non ?"
"Qu-quoi ?" bégaya le petit garçon.
"La pierre ne t’effraie plus", murmura la jeune fille. "Elle a même quelque chose d’hypnotisant ? Eh bien, elle est la clef pour sauver ton père."
"Sauver mon père ?" demanda Sullivan d’une petite voix, ses yeux changeant de couleur.
"Oui, il faut bien sauver ton père de sa carapace de pierre. Tu ne veux pas qu’il reste transformé en statue, même la nuit."
"Sauver mon père de sa carapace", murmura Sullivan avant de revenir à lui. "Mon père n’est plus une statue ! Il fait nuit !"
"Tu dis ça, mais ton père et le clan ont bien été transformés pendant près de mille ans. Et d’après ce que je sais, la grand-mère de ton meilleur ami… Titania, c’est ça ? Elle est venue quelque temps au château, non ? Qui dit qu’elle n’a rien fait à ton père sans que tu ne le saches. Elle est la reine d’Avalon, avec tous ses pouvoirs, elle peut faire tout ce qu’elle veut."
"Comment tu sais cela ? Comment tu sais qui est arrivé à mon père et au clan ? Et comment connais-tu Titania ?"
"Tu parles à une fille qui à vient de faire tomber un météore du ciel et qui a réussi à le cacher aux gens de New-York en projetant une onde illusoire. Tu crois sincèrement que ce genre de chose m’échappe ?"
"Une onde illusoire ?"
"Quoi ? Tu ne vas tout de même pas me dire que tu trouves ça normal que personne rapplique après l’atterrissage d’un immense météore en pleine ville. Surtout après ce qu’il s’est passé il y a deux mois au Mont Rushmore", rit la jeune fille avant d’ajouter dans un chuchotement qui se transformait peu à peu en cri énervé, agacé et effrayant. "Non mais sérieux, je suis douée pour cacher des choses. Mais cacher un météore, pirater les caméras, satellites, tours de contrôle, avions militaires avec une seule et unique empreinte d’onde… Faire tout ça dans ce corps humain, c’est d’un compliqué. Non mais tu veux que je fasse quoi d’autre pour te le prouver ?! Tu veux que je joue encore de l’aulos et te plonge dans une transe comme j’ai fais avec ton chien tout à l’heure ?! Alors tu vas faire ce que je te dis ! Me laisser t’attacher cette pierre qui te laissera passer dans l’onirisme pour ainsi prouver à toute ta petite famille de démons et tes amis qu’Equestria existe vraiment et suivre celui qui ouvrira la porte stellaire de poche ! Si tu as besoin de plus que ça, dis le moi et je le fais tout de suite !"
[Musique ambiance n°9]
La jeune fille termina sa tirade, en claquant des doigts. Une espèce de reflet argenté disparaissait du ciel et des environs du lac de Wagner Cove. Le petit garçon comprit, la jeune fille venait de faire disparaitre son onde machin-truc-chouette. Il la regarda à nouveau. Quelque chose avait changé, elle ressemblait à une folle, à une bête sauvage. Elle était essoufflée, ses cheveux étaient en bataille, elle avait déchiré le tissus de sa jupe écossaise et sa chemise blanche. Elle n’avait même plus rien d’humain. Prenant à nouveau peur, Sullivan se mit à courir. Tant pis si ses jambes le faisaient souffrir, il devait juste se sauver. La jeune fille commença lentement à le suivre, l’eau autour d’elle était en train de bouillir, se transformant en tourbillon. De la vapeur toxique s’élevait vers le ciel, rendant l’air estival encore plus chaud et lourd. Même la pluie qui commença à tomber du ciel ne réussit pas à refroidir l’ambiance, les éclaires qui déchiraient le ciel et l’orage n’arrangèrent pas les choses.
Sullivan courra encore plus, forçant sur ses jambes toujours aussi fragiles. Il sentait qu’il ne recevrait d’aide d’aucune sorte s’il restait dans les environs du lac. Pourquoi personne ne venait d’ailleurs ? Il avait bien vu les ondes disparaitre ! Personne ne remarquait les vapeurs de la jeune fille ou entendait le boucan ?!
Le petit garçon se souvint soudainement de quelque chose. Il l’avait complètement oublié avec la jeune fille qui lui courrait après avec sa fichu pierre. Sullivan courra vers Bronx, hurlant, l’appelant à l’aide. Le chien gargouille ne bougeait pas, dormant encore paisiblement comme s’il n’entendait rien. Le petit garçon arriva auprès de son chien, l’appelant encore et toujours. Il ne réagissait toujours pas, dormant paisiblement. Cherchant une bonne fois pour toute à le réveiller pour recevoir finalement de l’aide. Il ne s’attendait pas à ce qui se passait devant lui…
Ses mains… Les mains de Sullivan avaient traversées le corps de Bronx. Il sentait la terre sous ses doigts, il ne sentait rien autour de ses bras, pas même la chair de la gargouille bestiale. Il releva ses mains et ses bras, les observant, les touchant. Rien, il n’y avait même pas une trace de sang. C’est à ce moment-là que Sullivan remarqua quelque chose. Quand il avait retiré ses mains du corps de son chien, il avait hurlé, mais aucun son n’était sorti de sa gorge. Le petit garçon se toucha la gorge, tétanisé par la peur.
Sullivan se sentit levé de terre. La jeune fille avait attrapé la gorge du petit garçon. Il tourna légèrement la tête par-dessus son épaule, son agresseur l’effrayait au plus haut point. Le corps du petit garçon se crispa, le forçant à amener ses mains à sa gorge. Il n’arrivait plus à respirer.
"Mon onde illusoire ne sert pas qu’à cacher les choses tu sais. Manipulée d’une certaine manière et si je me concentre sur une seule cible, mon onde peut tout simplement et avec une facilité déconcertante, annihiler la présence physique de ce que je souhaite. Pour faire simple, tant que mon onde est active, tu n’es ni plus ni moins qu’un fantôme pour tous les êtres vivants. Hormis moi bien sûr", chuchota la jeune fille avec un sourire fou et mauvais. "Quant au fait que tu n’arrives pas à respirer, je suppose que tu as assez d’intelligence pour remarquer que les vapeurs qui m’entourent n’y sont pas pour rien. Mais ne t’inquiète pas pour Bronx, lui, il ne lui arrivera rien. Maintenant, tu vas être un gentil petit Demi-gargouille et t’endormir sans faire de vague, d’accord ?"
La jeune fille augmenta la pression autour du cou de Sullivan, autant utiliser tous les moyens possibles pour faire perdre connaissance à cet enfant. Le petit garçon essaya de se débattre, il ne devait pas perdre connaissance. A cette heure, Hudson devrait être là tout proche. Le connaissant, le vieux guerrier l’aiderait forcément, non ? Sullivan commençait à voir trouble, dans un ultime effort, il essaya de se débattre une dernière fois, essayant de faire obéir ses fichues jambes ou sa queue. Un dernier souffle quitta les lèvres du garçon, l’envoyant dans l’inconscience. Ses bras, ses jambes et sa queue pendaient lamentablement dans le vide.
"Enfin, je vais enfin pouvoir lui faire faire ce que je veux. J’en ai assez de jouer la gentille avec les autres. Cela ne me ressemble absolument pas. J’ai horreur de ça", soupira d’une voix fatigué, agacé et mauvaise. "Ah la la, qu’est-ce que je ne ferais pas pour toi Tlu ?"
Elle sortit la pierre du mouchoir et l’attacha à l’une des chevilles du garçon. Aussitôt, des traces rosées apparurent le long de la jambe. Réagissant à ce surplus d’énergie, le corps se leva de lui-même, s’approchant de la jeune fille. Elle attrapa le haut du garçon et le lui enleva, avec cela, elle aurait une preuve suffisante pour faire intervenir les secours.
Sullivan avança lentement vers le centre du lac. Une fois que l’eau lui arriva aux épaules, il se stoppa quelques secondes. Il allait prendre une grande inspiration quand la jeune fille l’interrompit.
"Tu n’as pas besoin de prendre d’inspiration, la pierre t’apportera ce qu’il te faut mais tu devras être rapide", marmonna la jeune fille. "Tu sais ce que tu dois faire n’est-ce pas ?"
Sullivan plongea la tête sous l’eau, se rapprochant le plus possible du milieu et du fond du lac. Tout autour de lui était sombre, surtout l’immense trou qui était l’entrée un long et profond tunnel. C’était un miracle que l’eau ne s’y engouffre pas, cachant ainsi à l’œil du moindre être vivant ce qui se passait dans les profondeurs de l’étendue d’eau. Le petit garçon s’approcha du tunnel, s’y plongeant sans peur.
[Fin musique n°9]
Bonjour à tout le monde, j'espère que vous allez bien et que ne vous mourez pas sous cette chaleur de là ou vous vous trouvez ! Moi c'est officiel, si les travaux de la piscine municipale de ma ville ne sont pas terminés, j'organise et je vous invite tous à mes obsèques XD....
Bon... Désolé pour ma blague, je ne crois pas que je suis très bonne en humour noir...
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Lexique :
« Ne vends pas la vache en retenant le lait » est un dicton/proverbe écossais. D’après ce que j’ai compris, c’est l’équivalent de notre « ne mets pas la charrue avant les bœufs » ou « ne vends pas la peau de l’ours avant de l’avoir tué » à nous. Et oui, je suis allé jusqu’à là ! Vu que nos chères gargouilles sont d’origine écossaises, faut pousser ses recherches au max :D ;D.
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Musique ambiance:
N°1:https://www.youtube.com/watch?v=YNiVvDW4eKU
N°2:https://www.youtube.com/watch?v=yGydxt4jIho
N°3:https://www.youtube.com/watch?v=WQOCt0uRuE4
N°4:https://www.youtube.com/watch?v=9UmfH_cwdwo
N°5:https://www.youtube.com/watch?v=-yhzv0W3e4w
N°6:https://www.youtube.com/watch?v=ZhySUhY1-UQ
N°7:https://www.youtube.com/watch?v=Nt3WeVMT7so
N°8:https://www.youtube.com/watch?v=A6r3qZz8fmU
N°9:https://www.youtube.com/watch?v=ecsUVlTPPXg
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Et Maintenant, ma partie préférée, vos théories ;) !
Qu’arrive-t-il à Luna quand elle regarde la cheminée, que se passe-t-il quand elle chante devant le feu ? De quoi parle-t-elle dans sa chanson ? Qui sont les personnes qu’elle voit dans ses visions ? A qui appartient la flute de pan ?
Comment les trois harceleurs de Sullivan connaissent Alexandre ? Qu’est-ce qui s'est passé quand Sullivan s’est retrouvé seul face à Dévon, était-il possédé ? Si oui, par quoi ? Qui est la jeune fille qui l'a secourut ? Est-elle une allié ou un ennemie ? Qu’a-t-elle fait à Bronx, qu’est-ce que cet aulos dont elle joue ? Est-ce une arme ou non ? Quel est ce météore qui est tombé, que s’est-il passé quand Bronx et Sullivan l'ont touchée ? Quelle est cette chose noire qui est sortie du corps de Bronx ? Quelle est la signification de la vision de Sullivan ? Qui est donc ce Gallarän dont parle la jeune fille ? Quel rapport a-t-il avec Optimus ? Est-ce même l’Optimus que nous connaissons ? Quelle est la pierre rose et noire qui est accroché à la cheville de Sullivan ? Qui est ce fameux Tlu ? Et surtout… Ou va Sullivan à la fin du chapitre ?
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Voilà ! J'espère que ce chapitre vous auras plu ;) :D! Prenez soin de vous, faites gaffe aux coups de soleil ou aux coups de chaleur et à la prochaine !