Chapitre 5
Le sommeil me quitta lentement, tandis qu’un brouhaha aussi léger que le bruissement des feuilles dans le vent se faisait entendre en dessous de moi.
Je me frottai les yeux en me redressant dans le lit, examinant la chambre que m’avait assignée Vorondil.
Presque aussi grande que ma maison de Seahorn, elle était chichement meublée, comportant en tout et pour tout un grand coffre, un lit, une commode, une petite table de chevet et un miroir.
La pénombre qui régnait dans la chambre indiquait clairement qu’il faisait toujours nuit, mais étonnamment, une douce lumière argentée émanait de la fenêtre.
Tout à fait réveillé à présent, je me dirigeai vers la fenêtre. Dans le ciel nocturne sans nuage, parsemé d’étoiles, un astre d’argent resplendissait.
Il me fallut quelques instants pour que mon cerveau se remette à fonctionner, tellement cette vision me semblait belle.
Au lieu d’une nuit noire et chichement éclairée par des torches, la ville semblait resplendir sous la lumière argentée, la neige brillant faiblement mais sans l’éclat aveuglant du soleil.
Quand mon esprit daigna se remettre en marche, je me souvins des écrits et des enluminures qui décrivaient la Lune dans les livres du Meister, mais aucun ne parvenait à décrire ce que j’avais sous les yeux.
Sans clepsydre, j’étais bien en peine de savoir l’heure qu’il était. Je décidai d’enfiler mon manteau et de descendre dans la salle commune de la guilde pour voir si quelqu’un avait des informations sur l’apparition de la Lune.
En arrivant dans la salle, je remarquais qu’un bon nombre de personnes étaient présentes, poneys et autres, mais bien moins que la veille.
Un licorne accoudé au bar me dévisageait de ses yeux magentas pendant que je descendais l’escalier. Son pelage orangé arborait plusieurs cicatrices anciennes sous son armure de cuir noir, et ses crins rouges étaient en désordre, encadrant son visage.
Quand j’arrivais dans la salle, il se leva de son tabouret et s’approcha de moi en rajustant son ceinturon et l’épée qu’il soutenait.
Son museau s’orna d’un sourire espiègle et instinctivement, je fus sur mes gardes. Quelque chose chez ce poney me poussait à rester prudent et à ne pas lui faire confiance, impossible de poser le sabot dessus.
"Hé bah, une vraie marmotte la nouvelle recrue. Enfin un autre licorne dans la guilde, au lieu de chez les Veilleurs. Je suppose que ça veut dire que tu sais te battre, au moins. Moi c’est Vulcan, Vulcan Order, et toi demi-portion, c’est quoi ton nom? Sois pas timide, on va sans doute bosser ensemble à un moment, autant se présenter.” me dit-il d’une voix presque moqueuse en tendant le sabot.
Mon sentiment de défiance envers Vulcan ne s’estompait pas, quelque chose clochait chez lui mais sans rien d’autre que mes à-priori, je me forçais à sourire aimablement et lui serrait le sabot.
“Winter Ruby, enchanté Vulcan.”
Avant que je puisse dire autre chose, il me coupa la parole en m’examinant de la tête au pied.
“Bizarre cette couleur, t’es un albinos? J’ai déjà vu des albinos à Kolarsize, mais ils étaient généralement assez faiblard, ça me surprend de voir que t’a pu arriver à Canternia.”
Mon poil se hérissa de colère sur ma nuque à son insinuation. Je me calmai rapidement avant de lui répondre.
“Je ne suis pas albinos, simplement leucistique. Mon pelage est pigmenté en blanc, contrairement aux albinos qui n’ont pas de pigments, j’ai juste par chance les yeux rouges en plus.”
Encore une fois, il me coupa la parole en secouant le sabot d’un air dédaigneux
“D’accord, d’accord, faut pas t’énerver p’tit gars, je posais simplement la question. On a pas besoin de faiblards dans la guilde, c’est un boulot rude, j’voulais être certain que tu sois à la hauteur. Sans rancune hein ?”
“Un peu plus de politesse, ce serait une bonne chose quand même. Mais oui, “sans rancune” comme vous dites” répondis-je en serrant les dents.
Avant qu’il puisse ouvrir la bouche de nouveau, Vorondil intervint.
“C’est bon Vulcan, laisse-le tranquille, il vient d’arriver, il a le temps de montrer ce dont il est capable.”
Vulcan se détourna de moi et repartit s'asseoir en me lançant un “Bienvenue à Canternia” joyeux.
Vorondil s’approcha de moi, et s’excusa pour le comportement de Vulcan en m’expliquant qu’il était comme ça avec tout le monde mais qu’il ne pensait pas à mal.
Je me rappelai soudain pourquoi j’étais descendu alors qu’il faisait toujours nuit.
“Vorondil, tu sais pourquoi la Lune est levée? Je l’avais jamais vu au zénith encore, les Veilleurs ont juste commencé à la déplacer?”
Le cerf fit une grimace avant de répondre : “Tout ce que je sais, c’est que ça présage rien de bon, parce qu’Olga est sur le pied de guerre, et que le Soleil est censé être levé à la place de la Lune… Olga est passée nous tirer du lit moi et Gloom ce matin, en nous disant de prévenir tout le monde qu’elle allait faire une annonce à tous les gardiens présents. J’allais aller te lever quand tu es descendu.”
Sur ces mots, il partit à l’étage tandis qu’une ponette terrestre aux crins blancs et au pelage crème apporta une pile d’assiettes remplies de nourriture, en déposant une devant chaque personne présente et à chaque place libre.
Je m’installai à une petite table ronde, proche de la fenêtre et de la porte d’entrée et engloutit mon petit-déjeuner aussi vite que possible.
Pendant que je mangeais, un flot de personnes descendit, incluant Korventenn, Gretchen, Zacaria et le griffon que j’avais remarqué la veille, suivi par Vorondil.
Le griffon hobereau arriva à ma table, me regarda fixement et lâcha simplement un “grmph” avant de s’installer dos à la fenêtre et de commencer à manger son petit-déjeuner.
Gretchen, Korventenn et Zacaria me firent bonjour de la patte, et s’installèrent sur la table à côté, ma propre table étant trop petite pour accueillir trois personnes de plus.
Tandis que nous discutions, essayant de deviner ce qui se passait, j’entendis du raffut à l’extérieur.
Jetant un œil par la fenêtre, je remarquai plusieurs pégases, aux ailes de chauve-souris et en armure lourde, qui semblaient encadrer d’autres personnes que je ne pouvais pas distinguer.
Ainsi c’était à ça que ressemblait ces fameux “batpony” que m’avait décrit Vorondil hier.
La porte de la guilde s’ouvrit brusquement, deux gardes se postant de part et d’autre de l’ouverture, laissant passer les autres poneys qui les accompagnaient.
Une batpony prit la tête, sa cape noire claquant à son entrée.
Son pelage était d’un bleu gris, ses crins d’un bleu pâle presque blanc ramené en queue de cheval.
Ses yeux rosés scannaient la pièce, et je notais que ses pupilles étaient fendues comme celles d’un chat ou d’un reptile.
La foule s’était tu, et un silence de mort régnait dans la guilde tandis que la batpony se dirigea d’un air altier vers le bar, et parla à voix basse avec Vorondil, qui avait l’air nerveux.
Elle se retourna d’un coup, ses gardes ayant repoussé les poneys les plus proches afin de permettre à toute la salle de la voir.
Encore une fois, ses yeux sondèrent la foule, s'arrêtant sur chaque individu. Je ne pus m’empêcher de déglutir sous ce regard inquisiteur.
Apparemment satisfaite, elle s’éclaircit la gorge avant de commencer à parler d’une voix forte et claire pleine d’autorité.
“Bonjour, membres de la Guilde des Gardiens. Pour ceux qui ne me connaissent pas, je suis Olga Cutia.
Je suis sûre que vous vous demandez tous ce qui se passe. Pourquoi la Lune est-elle dans le ciel? Pourquoi fait-il toujours nuit?
Parlons peu mais parlons bien : l’un des membres des Veilleurs a été visé par un sort. Elle est actuellement dans un état grave mais stable. Ses jours ne sont pas en danger, mais son absence implique que le Soleil ne se lèvera pas pendant plusieurs jours, le temps qu’elle se remette suffisamment pour reprendre son travail.
Passons maintenant au cœur du problème : Celui, ou celle, qui a causé cela est l’un des nôtres.
L’incident est arrivé ce matin, dans la cour du manoir hébergeant les Veilleurs. Il ne peut donc pas s’agir d’une agression extérieure.”
Pendant qu’elle parlait, une fureur embrasa ses yeux rosés. Elle reprit la parole, une colère à peine contenue dans la voix.
“Vu la situation, absolument tout le monde dans la ville est suspecté à part les habitants du manoir et les nouvelles recrues qui n’étaient pas au courant du rituel matinal pour lever le soleil.”
Mon esprit vagabonda et commença à réfléchir à ce que ça impliquait et aux coupables de l’incident.
Est ce que les moines-guerriers de MistVale auraient pu infiltrer la ville?
Vu leur idéologie, ça aurait été logique qu’ils soient derrière tout ça.
Leur but était de stopper la manipulation des astres, m'avaient dit Gretchen, Zacaria et Korventenn. La façon dont ils faisaient régner la justice dans leur ville montrait qu’ils n’avaient aucun scrupule sur les moyens à employer pour y arriver.
La salle devint silencieuse autour de moi. Surpris, je redressai la tête et remarquai que tout le monde me fixait.
Je me rendis compte que j’avais réfléchi à voix haute par inadvertance. Je rougis en balbutiant de vagues excuses pour avoir interrompu le discours d’Olga.
Ses yeux rosés ne me lâchant pas, Olga finit de parler, assignant à la majorité des gardiens la mission de surveiller les abords de la cité avec les gardes et d’empêcher quiconque de rentrer ou de sortir de la ville jusqu’à ce que l’affaire soit résolue.
Elle se dirigea ensuite vers moi tandis que je me recroquevillai dans ma chaise, tentant de me faire le plus petit possible.
“ Vous deux là. Comment vous appelez-vous?” lança-t-elle au griffon et à moi.
Le griffon hobereau ouvrit son bec et dit d’un ton morgue “Grief”.
Je déglutis avant de répondre, m’excusant encore une fois d’avoir interrompu son discours.
La batpony me fit taire d’un geste tandis que la guilde se vidait de ses membres.
“Pas besoin de t’excuser, ta théorie est très intéressante, et pourrait expliquer ce qui s’est passé. Qui sont ces moines-guerriers ?”
Je lui expliquai tout ce que je savais à leur sujet, en indiquant bien que Korventenn, Gretchen et Zacaria en sauraient bien plus que moi.
Olga hocha la tête et reprit la parole.
“Peut-être, mais pour le moment tous les Gardiens sont occupés à part vous deux.
Vu que je ne peux pas faire confiance aux Gardiens vétérans étant donné ce qu’il s’est passé, je veux que vous deux meniez l’enquête.
Vous allez me suivre au manoir, vous aurez tout le loisir d’examiner le lieu de l’incident, de poser des questions. Pendant la durée de l’enquête, je vous donne le droit d’arrêter et d’interroger les citoyens de la ville, mais je vous interdit de blesser qui que ce soit.
Nous ne sommes pas des barbares, ce problème doit être réglé au plus vite, certes, mais pas en s’abaissant à ce niveau.
Est ce que je me suis bien faite comprendre ?”
Je hochai la tête, n’osant pas ouvrir la bouche et Grief lâcha un simple “Ouais”.
Apparemment satisfaite, Olga se leva et nous fit signe de la suivre.
Je courus à l’étage récupérer mon bâton avant de la rejoindre avec Grief à l’extérieur.
Le chemin se fit dans le silence, les gardes nous entourant Olga, Grief et moi étaient clairement sous tension et prêt à réagir à la moindre provocation.
Ce qui avait dû se passer devait être grave pour amener de telles réactions.
Au bout de quelques minutes, nous fûmes devant le lourd portail fermant la muraille entourant le manoir.
Deux gardes nous ouvrirent avant de reprendre leur position une fois le portail franchi.
Le manoir était proprement gigantesque à mes yeux, plus château que maison bien qu’il ne comportait qu’un seul étage.
Des gardes flanquaient la porte d’entrée du manoir, en bois solide cloutée d’acier, avec un massif heurtoir en bronze.
Olga se retourna vers Grief et moi.
“Bien, je vous fais un petit topo maintenant qu’on est à l’écart des oreilles indiscrètes et vous dire exactement ce qui s’est passé.
Ce matin, les Veilleurs sont sortis pour lever le soleil. Pendant qu’ils étaient en train de charger le sort, Marble Ocean a commencé à sentir que quelque chose n’allait pas et a crié pour avertir les autres avant d’être blessée.
Starswirl a examiné la victime, pour lui il s’agit d’un “retour de flamme”, le sort de Marble Ocean lui aurait été renvoyé au visage, causant les dommages qu’elle a subi.
La seule chose dont Starswirl est sûr, c’est que ce “retour de flamme” n’est pas un incident magique naturel. Quelqu’un ou quelque chose a bloqué le sort de Marble Ocean et l’a amplifié avant de le réexpédier avec violence.
Mes gardes ont fait un rapide tour des lieux dès que la situation a été connue, mais il s’est passé suffisamment de temps entre l’incident et les recherches pour que le coupable nous échappe.
Star Swirl et le reste des Veilleurs sont assemblés dans la grande salle, vous pourrez les interroger, mais je doute que vous ayez plus d’informations de leur part.
Leur première réaction a été de se précipiter pour secourir Marble Ocean, ce qui est bien naturel et lui a évité de plus graves séquelles.
Sur ce, je vous laisse à vos investigations. Venez me trouver dès que vous avez du nouveau.”
Elle nous tourna le dos et s’adressa aux gardes de la porte d’entrée
“Ces deux Gardiens sont au-dessus de tout soupçon, ils ont toute latitude pour entrer et sortir de l’enceinte du manoir pour leur enquête. Je vous invite à répondre à leurs questions comme si c’était moi qui les posaient, et à les assister autant que possible pour leurs recherches.”
Les gardes se mirent au garde-à-vous, avant de s’exclamer d’une même voix : “Oui M’dame !”
Elle partit dans un claquement de sa cape, marchant d’un pas rapide vers la ville, toujours suivie par son escorte.
“Bon, allez p’tit gars, c’pas tout ça, mais si on y allait ?” lâcha une voix grave que je reconnus comme celle de Grief.
Me tournant vers le griffon hobereau, je lui fis un signe de tête affirmatif avant de prendre la tête de notre duo et d’avancer vers la porte du manoir.
Les gardes à la porte ouvrirent la porte sans un mot, hochant la tête dans notre direction. La seule chose que j’arrivais à distinguer d’eux sous leurs armures complètes étaient leurs yeux couleur d’ambre avec la pupille fendue.
J’entrais dans la salle principale, haute de plafond, suffisamment pour qu’un pégase puisse y voler tranquillement. Une longue table, flanquée de bancs et de chaises diverses, divisait la pièce en deux.
Le fond de la salle, à l’opposée de la porte d’entrée, était occupée par une estrade comportant des piles de livres et un tableau noir comme celui que le Meister utilisait jadis pour faire la classe.
Plusieurs licornes à l’air défait étaient présentes autour de la table. Avant que nous puissions nous diriger vers elles, un licorne à l’air digne se dirigea vers nous.
Son pelage gris était affublée d’une magnifique cape d’un bleu sombre, brodée d’étoiles dorées, un chapeau au même motif posé sur sa tête laissant s’échapper des crins blancs.
Je fis immédiatement le rapprochement avec Meister Maëlstrom, qui était affublé d’habits similaires mais aux teintes différentes.
Passant son sabot sur son bouc, le licorne se présenta comme étant StarSwirl, et nous demanda de le suivre.
Il nous emmena dans une étude attenante à la grand-salle, et nous fit signe de nous asseoir.
“Pardonnez-moi de vous avoir alpagué ainsi dès votre arrivée, mais mes étudiants et le reste des Veilleurs ont eu suffisamment d’émotions pour aujourd’hui, je préfèrerai ne pas les agiter davantage par rapport à la situation actuelle. Vous comprendrez, j’espère, Messieurs … ?”
Je me raclai la gorge avant de parler.
“Winter Ruby, Monsieur StarSwirl, et mon camarade ici présent est Grief. Nous avons été chargés de résoudre l’incident.”
Grief grommela un vague “grmph” d’approbation.
“ Très bien, je vous écoute, que voulez-vous savoir ? J’ai bien peur de ne pas avoir beaucoup d’informations pour vous, notre première réaction a été de porter secours à Marble Ocean et nous n’avons pas pensé à vérifier si quelqu’un d’autre était présent.”
Sa voix me fit immédiatement penser au Meister, une voix calme mais autoritaire de professeur, et mes pensées partirent vers SeaHorn pendant une fraction de seconde.
Je repris contenance et commençais à questionner StarSwirl.
“Auriez-vous remarqué la moindre chose suspecte avant l’incident ? Des traces de pas inhabituelles dans la neige, une ombre étrange, un bout de tissu qui n’aurait rien à faire là? Même le plus petit détail pourrait être important.”
Le licorne se renversa dans sa chaise, les yeux fermés, l’air pensif, et se caressa le bouc lentement, visiblement en pleine réflexion.
Au bout d’une ou deux minutes, il rouvrit les yeux.
“Maintenant que vous en parlez, je me rappelle avoir vu du coin de l'œil une silhouette sur le rempart Est qui n’était plus là après l’incident. Mais il s’agissait sans doute d’un garde, le cri de Marble a rameuté tous les gardes de service au manoir.
En dehors de ça, j’ai bien peur de ne pas pouvoir vous être utile, je ne me rappelle pas avoir vu quoi que ce soit d’autre qui pourrait vous aider.”
Grief hocha la tête d’un air compréhensif, sans ouvrir le bec, et je remerciai chaudement StarSwirl pour son temps et lui demandai comment allait la victime.
“Elle se remettra sans trop de séquelle à part quelques cicatrices légères, mais il lui faudra plusieurs jours pour être sur pied.
Heureusement, elle n’avait pas fini de canaliser intégralement le sort, sinon elle serait morte sur le coup.”
Sur ces mots, nous sortîmes tous les trois de l’étude. Tandis que StarSwirl retournait vers ses étudiants, je pus entendre certains d’entre eux renifler, visiblement choqués par l’accident, avant que nous nous dirigions vers la sortie.
Une fois sortis du manoir, Grief et moi questionnèrent les gardes à l’extérieur et leur demandèrent de nous montrer le lieu de l’incident.
La lueur argentée de la Lune baignait la cour intérieure traversée par un petit ruisseau. Adossé aux remparts, un assortiment de petits ateliers et de mannequins d'entraînement attendaient.
Je remerciai le garde et lui demandai s’il avait la moindre idée de qui patrouillait sur le rempart Est au moment de l’attaque.
Il fronça les sourcils avant de répondre: “Et bien, personne. On venait juste de faire la relève de l’équipe de nuit, donc personne n’était sur les remparts.”
“Intéressant, j’vais aller faire un tour là-haut Winter, je te laisse les recherches au sol” clama Grief de sa voix grave.
J'acquiesçais d’un hochement de tête tandis qu’il s’envolait pour inspecter les remparts.
Je passai au peigne fin la cour, les ateliers la bordant, même les barils d’eau posés contre les murs du manoir mais sans résultat.
Une heure s’écoula avant que j’abandonne, visiblement aucun indice ne se cachait au niveau du sol.
Remarquant le toupet de la queue de lion de Grief s’agiter par-dessus le bord du rempart, je me risquai à le héler.
“Grief ? Tu as trouvé quelque chose ?”
“Ouais, bouge pas, j’descends”.
Le griffon hobereau se laissa tomber des remparts, ouvrant les ailes au dernier moment pour amortir sa chute avant d’atterrir sur ses pattes arrières.
Dans ses pattes avant, il tenait un bout de parchemin, humide d’être resté dans la neige.
“J’ai vu quelques traces de sabots là-haut, et y’avait ça. La neige était toute piétinée, celui qui était là-haut est parti sans demander son reste et n’a pas pris la peine d’effacer ses traces, mais bon, il est parti depuis longtemps.”
Je pris délicatement le bout de parchemin des pattes de Grief, tentant de voir si des écritures restaient sur le papier, mais l’humidité semblait avoir détruit toute trace d’encre.
Une impasse, à moins que… En tournant et retournant le parchemin, je remarquais qu’en filigrane apparaissait un motif discret, comme “pressé” dans le papier, quand on le tenait face à la lumière de la lune.
Suivi par Grief, je demandai au garde le plus proche s’il avait déjà vu du parchemin similaire.
“Bien sûr, allez dans le quartier commerçant. Depuis la Guilde des Gardiens, vous entrez dans le quartier et c’est la première boutique sur la droite, c’est la seule à vendre du papier de cette qualité avec cet imprimé là. C’est du parchemin à sort, je crois que les licornes s’en servent pour mettre un sort et pouvoir le lancer ensuite instantanément sans délai.”
Le remerciant rapidement, Grief et moi prîmes le chemin du quartier commerçant.
Malgré les indications du garde, il nous fallut presque une heure pour trouver la bonne boutique.
Le gérant, un poney terrestre d’une quarantaine d’année au pelage brun, nous indiqua qu’il avait vendu un rouleau de parchemin à sort la veille à un certain Goliath, un griffon travaillant chez la guérisseuse zèbre Zahera qui officiait dans le Quartier du Soleil.
Tandis que nous nous dirigions vers le Quartier du Soleil, je remarquai Vulcan, adossé nonchalamment à un mur, qui nous regardait d’un air narquois.
“Alors les enquêteurs, bien votre investigation ? Z’avez un suspect déjà ? Faudrait voir à vous dépêcher un peu quand même !” nous lança-t-il d’une voix moqueuse.
Quelque chose dans le ton de sa voix me dit qu’il avait des informations, passant outre mon irritation je pris sur moi pour lui demander s’il savait quelque chose.
“Non non, demi-portion. C’est votre enquête, c’est à vous de la résoudre, moi je garde juste le périmètre. A toi de trouver tes indices”
Il me fit un clin d'œil moqueur.
“Dépêchez vous un peu quand même, faudrait pas laisser le coupable s’enfuir parce que vous êtes trop lent pour le rattraper, hein ? Hahaha”
Je bouillai de colère intérieurement.
“Si tu sais quelque chose, dis-le ! Tu pourras avoir tout le bénéfice, je m’en fiche, je veux juste retrouver le coupable pour éviter que quelqu’un d’autre soit blessé !” parvins-je à dire, les dents serrées.
“Tu connais ma réponse mon gars. Débrouille toi, en plus c’est un bon exercice pour les vraies missions de Gardiens qui t’attendent. Allez, salut.” répondit Vulcan en s’éloignant en sifflotant gaiement.
Alors que je m'apprêtais à m’élancer vers lui pour lui faire cracher le morceau, je sentis une patte se poser sur mon épaule.
Je me tournai vers Grief, qui dit simplement “Il en vaut pas la peine, viens p’tit.” d’un air réconfortant.
Soupirant, je suivis Grief vers le Quartier du Soleil. Il nous fallut peu de temps pour trouver l’officine de Zahera.
En entrant, je fus surpris par l’explosion de couleurs qui s’étalait partout, sur les murs, les gravures des meubles. J’avais l’impression d’avoir été transporté dans un autre monde.
“B-Bonjour, je peux vous aider ? Zahera est sortie mais elle va pas tarder à revenir si c’est elle que vous cherchez.”
Sortant de ma rêverie, je dévisageai celui qui nous avait interpellé. Un griffon, au plumage et pelage orangé et de bonne taille, se dressait au fond de l’officine, tenant un balai entre ses pattes, visiblement interrompu en pleine séance de nettoyage.
Grief s’avança vers lui et lui demanda : “C’est toi Goliath? On aurait quelques p’tites questions à te poser.”
Instantanément, je remarquais que la queue de lion de Goliath se mit à s’agiter nerveusement, tandis que ses yeux dardaient de droite à gauche, son bec agité de tics.
“Heu, ou-oui, ce-c’est bien moi. Mais j’ai rien fait j'vous jure, j’me tiens à carreau, je vous le promet, j’ui innocent, j’ai rien fait, je paie ma dette!” implora-t-il.
Une clochette tinta.
“Que se passe-t-il ici ? Qui êtes-vous ?" lança une voix féminine derrière moi.
Me retournant, je vis une zébrelle, habillée d’étranges étoffes et parée de bijoux exotiques, croulant sous le poids d’un panier bien rempli.
Elle posa le panier sur une table et s’interposa entre Goliath et nous.
“Désolé de faire irruption comme ça chez vous, Madame, on enquête sur l’accident qui a eu lieu au manoir et a blessé la Veilleuse Marble Ocean. Nos recherches nous ont conduit jusqu’à Goliath, et nous souhaitions lui poser quelques questions” expliquai-je calmement à la zébrelle.
L’air satisfait, la zébrelle se tourna vers Goliath et le regarda intensément avant de lui demander gentiment de tout lui dire.
Le griffon orangé se mit à sangloter mais parvint à répondre.
“Mais j’ai rien fait, je vous jure. On m’a juste dit, par lettre, d’aller acheter un rouleau de parchemin chez le libraire et d’aller le poser derrière une brique précise dans le quartier de la Lune. Je vous jure, j’ai rien fait d’autre, j’avais besoin d’argent, ça me semblait innocent, si j’avais su que ça serait utilisé pour ça, j’aurai jamais accepté, je vous en supplie vous devez me croire! J’ai rien fait, j’ai juste acheté le papier !”
Ses sanglots l’empêchèrent de continuer, il semblait terrorisé. J’étais gêné, il avait l’air de ne rien savoir de plus.
Je pris un air réconfortant et lui demandai où exactement il avait posé ce rouleau de papier précisément, tout en le rassurant que s’il n’avait rien fait d’autre, il n’y aurait pas de conséquence pour lui.
Il se calma, prit un papier et un morceau de charbon et se mit à dessiner un plan grossier d’un quartier .
Le griffon orangé me tendit le papier, ses yeux toujours baignés de larmes.
“Tenez, j’ai marqué l’endroit, c’est dans le Quartier de la Lune. Quand vous serez au bâtiment avec la croix, vous verrez une brique qui est descellée, c’est derrière elle que j’ai posé le rouleau et où j’ai récupéré les pièces!”
Il renifla bruyamment.
“Vous le direz à Olga hein ? Vous lui direz que j’ai coopéré et que j’y suis pour rien hein ?”
Il avait l’air désespéré. Avant que je puisse réagir, Grief acquiesça d’un hochement de tête et Zahera commença à le réconforter.
Prenant congé de Zahera et Goliath, nous prîmes la direction du quartier de la Lune.
Les bâtiments semblaient bien plus anciens que le reste de la ville, presque aussi anciens que la muraille ceignant le manoir des Veilleurs.
Il nous fallut peu de temps pour atteindre l’édifice que nous avait indiqué Goliath, trouver la bonne brique fut plus long.
Les faibles protestations de mon estomac et la position de la Lune me rappelèrent que cela faisait plusieurs heures que nous menions l’enquête, et que le repas de midi était sans doute passé depuis longtemps.
“Par ici, Winter, je l’ai trouvé!” lança Grief un peu plus loin.
Effectivement, dans ses pattes se trouvaient une brique, son emplacement laissant apparaitre un trou dans le bâtiment, suffisamment grand pour y passer le sabot et assez profond pour y cacher de petits objets une fois la brique replacée.
Malheureusement, la cachette était vide. La piste s’arrêtait là, j’avais beau fouiller du regard les recoins du trou, aucun indice n’avait la bonne idée d’apparaitre.
Tandis qu’un sentiment d’impuissance m’envahissait, une voix claire et enjôleuse nous interpella.
“Alors mes mignons, vous êtes venus prendre du bon temps pour oublier les mauvaises nouvelles ? Je peux vous comprendre, si vous voulez je peux vous faire un bon prix pour ma prestation mais je vous prend un par un, je fais pas les groupes moi”.
Je dévisageai notre interlocutrice, une ponette terrestre au pelage crème et aux crins bleus. Comprenant finalement ce qu’elle proposait, je rougis violemment.
“Non non non, Madame, pas du tout, en fait nous enquêtons sur l’incident de ce matin justement” arrivais-je à balbutier.
“Oooh, des enquêteurs hein ? Hmm, et que venez-vous faire ici ? Je doute que vous ayez beaucoup de malfaiteurs qui se cachent ici” répondit-elle avec un petit rire amusé.
“Hé bien, justement, nous avons suivi la piste du coupable jusqu’à ce bâtiment, vous n’auriez pas vu quelqu’un hier soir ou cette nuit venir au niveau de cet édifice par hasard?”
Elle fit la moue, puis sembla se rappeler de quelque chose.
“Maintenant que tu m’en parles mon joli, c’est vrai que j’ai vu Alexa par ici la nuit dernière. Ça m'a surpris sur le coup, vu que c’est pas son genre de venir faire une petite sauterie dans le coin si tu vois ce que je veux dire, elle est plutôt coincée en vrai.”
Mon sang se figea. Grief remercia la ponette et nous partîmes vers la Guilde au galop.
Sans prendre le temps de nettoyer mes sabots, j’interpellai Vorondil, qui était à pied d'œuvre en train de nettoyer le bar.
“Vorondil ! Tu sais où se trouve Alexa ? C’est urgent!” m’exclamai-je.
Surpris, Vorondil lâcha le chiffon qu’il utilisait et m’indiqua qu’elle et son frère étaient postés à la porte de la ville, comme la veille.
Sans lui laisser le temps de poser d’autres questions, je partis au galop vers l’entrée de Canternia, suivi de près par Grief qui volait derrière moi.
La porte apparut au bout de quelques instants de course effrénée. Freinant des quatres fers, je glissai sur une dizaine de mètres supplémentaires sur la neige avant de finir tête la première dans une congère.
Grief me remit rapidement sur pied après avoir atterri à mes côtés et je pus voir Alexa et son frère Henry nous regarder avec des yeux ronds, indécis sur la marche à suivre.
Le griffon hobereau avança vers les deux licornes et je lui emboîtai le pas.
Henry leva un sourcil avant de demander s’il pouvait nous aider.
Je pris une grande inspiration.
“Alexa, veuillez nous suivre. Vous avez des explications à donner à Olga et aux Veilleurs sur vos agissements.”
Alexa nous fixa Grief et moi, avant de fixer la route derrière nous. Je sortis mon bâton, prêt à me défendre.
L’atmosphère devint tendue jusqu’à ce que la voix d’Henry brise le silence.
“Alexa, qu’est ce que c’est que ces histoires ? Qu’est ce que tu as fait ?”
La licorne grise fixa son frère d’un regard triste, avant de se laisser tomber en position assise par terre et de faire léviter son épée encore dans le fourreau vers lui.
“Je ne voulais pas blesser Marble. Je voulais juste la rendre incapable de faire de la magie pour quelques jours, pour pouvoir me démarquer d’elle et qu’il me remarque ....”
Henry devint livide.
“Alexa, tu n'as quand même pas fait ça! Rassure moi, tu n'as pas fait ça pour les beaux yeux de cet étalon ?!”
Alexa ne répondit pas, détournant les yeux pour éviter le regard de son frère.
“Je suis désolé, Alexa, mais vous devez nous suivre. Vous expliquerez tout à Olga.”
La tête basse, la licorne me suivit, Grief fermant la marche tandis qu'Henri restait seul telle une âme en peine.
*****
“Voilà, vous connaissez toute l’histoire. Je suis désolé, le sort a eu des effets secondaires plus fort que ce que je pensais, je voulais rendre Marble Ocean malade ou incapable d’utiliser la magie pendant quelques jours, pas la blesser sérieusement.
Quand j’ai vu l’explosion qui a suivi mon sort, je me suis enfui et je suis retourné chez moi, m’enfermant jusqu’à ce qu’on vienne me chercher pour me demander d’aller garder l’entrée de la ville.”
Olga écoutait sans broncher les explications d’Alexa dans son bureau, seul ses yeux trahissant sa colère.
Grief et moi restions silencieux. Alexa termina son compte-rendu des évènements en s’excusant et en demandant si Marble Ocean allait s’en sortir.
La batpony se leva, et se mit à faire les cents pas derrière sa chaise.
“Je veux être certaine d’avoir compris le fin mot de toute cette histoire. Pour les beaux yeux d’un étalon Veilleur, tu as lancé un sort trouvé dans un livre ancien, dont tu ignorais les effets exacts, sur Marble Ocean, par pure jalousie.
Et au lieu de venir expliquer la situation pour au moins accepter la responsabilité de tes actions, tu t’es caché comme un poulain pris le sabot dans le pot de biscuit, en essayant de faire comme si de rien n’était.”
Olga se passa le sabot sur le visage, ne prenant pas la peine de cacher son irritation et sa colère.
“Tu te rends compte qu’il n’y a qu’une seule issue à cette situation ? Nous ne pourrons plus jamais te faire confiance, pas après ce qui vient de se passer.
Tu aurais pu tuer Marble avec ton sort, elle a survécu uniquement parce qu’elle a senti que quelque chose n’allait pas avec sa magie et parce que les autres Veilleurs ont agi rapidement pour guérir ses blessures.
Et même avec ça, elle ne va pas pouvoir utiliser sa magie pendant plusieurs jours, le temps de récupérer du choc et de guérir de ses blessures...
GARDES !”
Deux gardes entrèrent immédiatement dans le bureau. Olga pointa son sabot vers Alexa.
“Amenez-la dans la chambre inoccupée de l’aile nord. Je veux que sa porte soit verrouillée et surveillée par deux gardes avec un autre garde posté à l’extérieur de la fenêtre jusqu’à ce que je décide de son cas.”
Saluant brièvement, les deux gardes escortèrent Alexa hors de la pièce.
Incertain de la conduite à tenir, je restai silencieux, jetant un oeil interrogateur à Grief.
Le griffon hobereau me fit un simple haussement d’épaule.
Olga se rassit derrière son bureau et son visage prit un air fatigué. Pendant un instant, j’eus l’impression qu’elle était bien plus vieille que son apparence ne le laissait penser.
Le moment passa et Olga reprit contenance.
“Excellent travail, Winter, Grief. Vous avez résolu l’affaire en un temps record et avec un professionnalisme exemplaire en partant de presque rien.”
Elle sourit légèrement, découvrant ses canines.
"Étrangement, aucun de vous deux n’a divulgué d’où il vient exactement, mais ce n’est pas un problème pour moi. Je peux comprendre le besoin d’apprendre à nous connaître avant de divulguer trop de choses.
J’ai bon espoir qu’avec le temps, vous finirez par nous faire assez confiance pour communiquer ces informations.
Vous pouvez disposer, Vorondil se chargera de vous assigner à une équipe selon les besoins.”
Elle conclut sa phrase en montrant la porte de son bureau. Avant de partir, je pris mon courage à deux mains et osais lui demander ce qu’il allait arriver à Alexa.
Son visage se figea en un masque de tristesse.
“Malheureusement, je n’ai pas d’autre choix que de l’exiler de Canternia. C’était un excellent élément, c’est désolant qu’une simple rivalité amoureuse amène à de telles extrémités.”
Tandis que nous nous dirigions vers la sortie du manoir, StarSwirl vient nous serrer le sabot, nous remerciant solennellement d’avoir fait toute la lumière sur cette affaire.
J’en profitai pour lui demander s’il ne connaissait pas Meister Maëlstrom en précisant qu’il avait des habits similaires aux siens mais aux couleurs différentes.
“Non, je ne pense pas être familier avec ce Meister, comme tu l’appelles.
Par contre, s’il a effectivement une cape et un chapeau brodée d’étoiles, il doit être un pratiquant aguerri dans les arts de la magie. J’aimerai beaucoup le rencontrer un jour, pour échanger avec lui sur certains écrits.”
*****
Les jours passèrent, la Lune se levant à la place du Soleil tant que Marble Ocean était convalescente.
Je pris le temps de faire plus amples connaissances avec Grief. Enfin, il restait très secret, souvent plongé dans un silence presque mutique, mais il acceptait ma compagnie de bon cœur, son bec esquissant une ébauche de sourire quand je m’installais à table avec lui pour manger.
Korventenn, Gretchen et Zacaria avaient été envoyés vers une ville alliée pour prévenir des évènements et informer que la Lune remplacerait temporairement le Soleil en attendant.
Vulcan s’était moqué de Grief et moi, indiquant qu’il avait deviné depuis le début qu’Alexa était la responsable et que nous avions bien pris notre temps.
Alexa avait fini par être bannie de Canternia, et je ne pouvais pas m’empêcher de ressentir de la culpabilité chaque fois que j’y pensais et que je voyais Henry.
Au bout de cinq ou six jours, finalement, le Soleil se leva à la place de la Lune, ses rayons dorés me réveillant.
En baillant, je descendis dans la salle commune. Grief était déjà attablé, en train de manger son petit déjeuner.
Il me fit un hochement de tête en guise de bonjour. Je le saluai joyeusement avant d’entamer mon propre repas.
Le reste de la journée passa paresseusement. Korventenn, Gretchen et Zacaria rentrèrent de leur expédition et me racontèrent leur voyage, Grief écoutant silencieusement à côté de moi.
Le soir venu, je discutais avec Grief quand soudain des éclats de voix se firent entendre à l’extérieur.
“Eh bah tu vois, pas besoin de s’inquiéter ma grande, le souci s’est résolu tout seul!”
Une voix forte et grave, mais féminine répondit : “Peut-être, mais le Soleil ne s’est pas levé pendant plusieurs jours quand même, il a bien dû se passer quelque chose.”
Une autre voix, masculine ajouta : “Oui, c’est sûr, mais en tout cas, la cité est toujours là, et je n’ai pas l’impression que quelque chose ait changé. Vorondil nous dira tout, de toute manière.”
Le reste de la conversation fut inintelligible.
Moins d’une minute plus tard, la double porte de la Guilde s’ouvrit d’un seul coup, un batpony élancé au pelage gris bleu, les yeux vert pomme pétillant de malice et aux crins d’un gris presque blanc s’encadrant dans l’entrée.
“SALUT LA COMPAGNIE C’EST NOOUUUUUUUS! On est de retoooooour, on vous a manqué?” claironna-t-il joyeusement